Chère lectrice et cher lecteur,
Depuis quelques semaines, je sens une nouvelle envie émerger pour cette newsletter, celle des one shot. Je voudrais les écrire sans y passer la semaine entière, ou la relire dix fois. Effacer toute la charge mentale qui lui est inhérente. Trouver un sujet à 9h40 et l’écrire d’une traite pour la terminer à 10h12. Voire 10h59. Ou 11h32.
Bonjour,
Je suis Nathalie LONGEVIAL, romancière, éditrice externe et coach en écriture. Bienvenue dans ma newsletter : “From Baiona with love”. J’écris ici en one shot, c’est-à-dire sans relecture. Il reste peut-être des fautes ou des coquilles, j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur. Nous accueillons aujourd’hui parmi les abonnés à la newsletter : Estelle.
Aujourd’hui j’ai envie de faire le bilan du mois de mars. Il y a des moments qui sont à marquer d’une pierre blanche, mars 2025 en fait partie. Il restera gravé dans ma mémoire pour plusieurs raisons.
D’un papillon à l’autre
Pour noël, j’ai offert à mon mari quelque chose qu’il rêvait de faire depuis longtemps, mais pour laquelle il ne se décidait pas. Il en allait d’un sentiment d’appréhension, peut-être d’inutilité. Non, ce n’est pas le terme, plutôt de futilité. Pourtant, depuis plusieurs années, il répétait à qui voulait bien l’écouter (moi, en l’occurrence) qu’il aimerait bien le faire, quand même, mais... Nous avons donc pris la voiture, direction Bordeaux et le studio de Virginia Garrido Milan, tatouseuse. C’est elle qui a tatoué les fleurs que je porte sur le bras gauche. L’idée était de faire un dessin qui commence sur le bras de l’une pour finir sur celui de l’autre. Ou inversement. Nous avons opté pour un papillon (rapport à mon roman des papillons sous oxygène et aux papillons qui frétillent encore dans le fond de notre ventre). La séance s’est déroulée dans la joie et un étrange sentiment de paix. Depuis, mon mari n’arrête pas de regarder son bras en disant : “je suis super content ! J’adore”. (il le dit tellement, que j’en suis venue à me demander s’il ne s’auto convainquait pas
! )
D’une danse à l’autre
Donc voilà, Un Tango pour Doro est sorti le 13 mars aux éditions Le Soir venu. On pourrait penser qu’on s’habitue à la sortie d’un roman. Mais non. Enfin, peut-être que les grands écrivains, ceux qu’on voit chaque année sur les fauteuils et canapés de La Grande librairie, s’habituent, moi, non. J’ai longtemps pensé que je n’étais pas à ma place dans ce milieu. Non seulement j’étais une autrice autoéditée, mais en plus j’écrivais du contemporain ascendant Feel-good, deux genres dénigrés au pays de la littérature. Je me souviens avoir récemment lu en commentaire d’un conseil lecture (c’était une femme que je considère comme une amie, qui ne parlait pas d’un de mes livres, mais ça m’a fait pareil que si ça l’avait été) : “lis-le, ce n’est pas de la grande littérature, mais c’est agréable”. Mon sang n’a fait qu’un tour ! Pas de la grande littérature ? Parce que c’est facile à lire, parce qu’il n’y a pas de digressions pseudo philosophiques ? Parce que ça traite de sujets qui nous concernent ? Parce que les personnages étaient des gens “normaux” ? Des vous et moi ? Si un roman vous plait, quel qu’il soit, ça reste de la littérature !
Donc, j’ai longtemps pensé que je n’étais pas à ma place dans ce milieu. Même si les mots frottaient l’intérieur de mes joues et qu’ils n’attendaient qu’une chose, que mes doigts les posent sur une feuille de papier, j’ai longtemps repoussé le moment de faire lire mes manuscrits. Il y avait mon âge, mon passé de cheffe d’entreprise et de mère de famille nombreuse, ma vie de provinciale loin des cercles parisiens à fréquenter, les codes que je ne possédais pas, mon habitude à travailler en team, Hubert, qui broyait le moindre de mes accès de légitimité, et bien sûr, le fait que j’étais parfaitement consciente de ne pas produire de la grande littérature.
J’ai persévéré. J’ai appris. J’ai échoué et me suis relevée. J’ai patienté. J’ai pleuré, sans doute même hurlé. J’ai prié mon étoile, comme si elle y pouvait quelque chose. J’ai mis un pansement sur mes genoux écorchés et du baume sur mon menton en marmelade, et j’ai remis le couvert. J’ai longtemps attendu quelque chose qui n’arrivait pas. Je pensais que cela viendrait d’une certaine légitimité à être choisie, adoubée en quelque sorte. Mais j’ai aussi appris que ce sentiment ne pouvait venir que de moi. En ce moment, quelque chose de nouveau est en train de surgir en moi. Quelque chose de l’ordre de l’assurance. Un sentiment smoothy qui fait du bien et que je chéris. Il ne durera peut-être pas, mais ça sera toujours ça de gagné. J’ai maintenant l’intime conviction que je suis sur la bonne route, que je construis une oeuvre cohérente. Quelque chose de reconnaissable. Quelque chose d’utile. Quelque chose qui vous parle, vous émeut, vous fait grandir.
Cette semaine j’ai découvert les premières chroniques déguisées en coup de coeur pour mon roman. Alors, peut-être n’est-il pas de la grande littérature, mais un livre qui bouscule, assurément.
PS : je ne connais absolument pas ces personnes et ne les ai pas payées non plus. N’allez pas croire qu’il s’agit de ma mère (même si ce qu’elle en dit est aussi magnifique)
PS2: Je vous les inflige. On ne sait jamais, ça pourrait vous donner envie de le lire :)
D’une vie à l’autre
Cette année mon dernier aura 18 ans. Et j’ai tout simplement omis de le recenser. Pourtant, je sais qu’il faut le faire aux 16 ans de l’enfant . C’est pas comme si je n’avais pas eu trois enfants avant lui. Sans ce petit bout de papier, il ne pourrait pas passer son bac, le permis de conduire (bon, pas lui, hein ?) ou d’autres concours. Dans la ville où j’habitais précédemment, nous recevions un courrier de la part de la mairie pour nous le rappeler. À Bayonne, non. Bref. On l’a fait. Et ? Rien, il ne s’est rien passé. Il a reçu le document une semaine plus tard, sans remontrance ni amende.
D’un rêve à l’autre
Il y a des moments où je rêve intensément et d’autres où rien ne se passe. Cette semaine, alors que je me réveillais avec vue sur mer, j’ai souri et dit à mon amoureux : “je suis la soeur de Beyoncé”. En effet, dans mon rêve j’avais été adoptée par un homme jeune et Beyoncé l’était aussi. Ainsi, je devenais sa soeur. Pourquoi ce rêve ? Sans doute une réminiscence de la saga des Sept soeurs, lue l’été dernier. Pourquoi Beyoncé ? Aucune idée. Vu la joie que j’ai eu, j’imagine à peine ce que j’aurais ressenti si j’avais été celle de Julia Roberts.
D’une étoile à l’autre
Vous savez que je cherche les signes de la présence de mon père un peu partout ( mon père est décédé en 2019), or samedi dernier, il m’est arrivé un truc de fou. Nous étions à Begur avec des amis, dans un restaurant où nous allons chaque année depuis plusieurs années. Imaginez la scène : nous sommes les premiers à entrer, on nous propose une table, sous les enceintes ( je suis appareillée, et les enceintes sont une horreur pour moi). On demande à changer de place, on nous répond que toutes les tables sont réservées. Don’t act, on s’installe. On commande. Jusque là rien d’anormal. Mon mari est servi en premier (il a choisi un tartare de boeuf) et décide d’attendre que nous le soyons aussi “de toute façon, ça ne peut pas refroidir” s’amuse-t-il. D’autres clients entrent et s’installent et nous, on attend. On attend (et aucune table de quatre ne se remplit). Les autres tables sont servies. Nous, non. Toujours pas. 40 minutes plus tard, David voit enfin ses trois malheureuses coquilles Saint Jacques arriver. “Mange”, on lui dit “ça va refroidir”. Il mange pendant qu’Isabelle et moi continuons d’attendre. Mon mari agacé (version XXL) se lève pour aller “se rafraîchir”. Il donne un coup de coude à mon téléphone qui s’illumine. Et là, la page de contact de mon père apparait (je ne l’ai jamais effacée). Je suis interloquée, le montre à mon amie et me dis “tiens, il pense à moi”. Petit sourire intérieur et on reprend nos conversations (légèrement agacées néanmoins). Patrick revient à table et nous ne serons jamais servies. Alors que nous demandons des explications, on nous informe qu’il manque des ingrédients. Vu que nous avions choisi une omelette, c’est un peu risible. Bref. Nous partons. À la maison, Patrick cherche à mettre un avis sur Google, et nous tombons sur des commentaire
s insistant sur le fait de pas prendre les oeufs en omelette, certains clients ont été intoxiqués. Vous le voyez le signe de mon père qui était médecin ? Moi, je l’ai vu.
Allez, je m’arrête là, pour aujourd’hui et vous laisse en compagnie d’un bel arc-en-ciel.
Bisous
Magnifique ce tatouage 🦋😍
🦋 magnifique tatouage et comme toujours magnifique texte je vais dans la semaine partir à la découverte de Doro 😍