Carte postale

From Sa Tuna with love

Très chère amie,

Ma prof de Newsletter, Géraldine Dormoy, ayant décrété que la première année il était difficile de prendre des vacances au risque de perdre des abonnées, me voilà en train de t’écrire depuis un petit coin de la Costa Brava où je passe de chouettes vacances.

Il est 7h30. Mon café fume dans ma tasse et mon jus d’orange frais me fait de l’œil. Mon mec dort encore et c’est tant mieux parce qu’il a toujours envie de faire un truc… non, pas ça. Non, lui ce qu’il veut c’est : peindre, poncer, visser, clouer, déplacer les meubles et aller à la déchetterie. Il y va tellement souvent que maintenant, on peut dire que son meilleur ami ici, c’est le type qui vérifie ton chargement à l’entrée. Un check, un "Que tal hoy, que estas tirando ?” “poco de todo” répond mon mec alors qu’il a allègrement mélangé carton, plastique et canettes de coca

, mais on a trié les dosettes de café, faut pas déconner, d’autant qu’ici elles sont clairement répertoriées, c’est facile.

Le matin, avant le petit déjeuner, on va marcher. Pas trop longtemps parce que mon mec a mal au dos quand on se promène (mais pas quand il peint, ponce, visse, cloue, déplace les meubles ou va à la déchetterie)(va comprendre).

Je me perds dans la couleur des eaux qui passent de vert sombre à émeraude. Sur le sable, des types, un casque sur les oreilles et une poêle à frire au bout du bras, sont déjà à pied d’œuvre. Ils m’amusent, ces chasseurs de trésor.

Ici on a des animaux de compagnie super mignons. Un gecko (une salamandre quoi) qu’on a appelé Hermann.

et un scorpion, qu’on n’a pas appelé. Si ça se trouve, c’était une fille. Je l’ai attrapé et l’ai balancé chez les voisins. Dans la famille c’est moi qui libère les animaux avant qu’une chaussure ne s’abatte sur eux : araignée, faucheux, sauterelle. Mais pour le scorpion, c’était une première. Je n’en avais jamais vu en vrai auparavant, même au Cambodge, au Vietnam ou au Mexique. Est-ce que sa piqûre était douloureuse ou mortelle ? Je n’en sais rien, je n’ai pas testé.

Ce que je teste, en revanche, ce sont les couleurs du lever de soleil pour établir un palmarès à la fin du séjour : et ça, je peux te dire que ce n’est pas gagné !

Hier soir, nous sommes allés dîner dans un restaurant sur la place dont j’adore la décoration très “palacio décrépi” : El Carbon. J’ai commandé une Sangria. Oui, tant qu’à être en Espagne, autant se la jouer typique. J’imaginais qu’on allait me sortir une bonne vieille bouteille de Don Simon, mais non pas du tout. La mixologue a attrapé un verre, elle y a jeté des glaçons, une tranche d’orange et de citron, puis du vin rouge, du jus d’orange de la limonade et une bonne rasade de Cointreau, de la cannelle et du sucre. Le verre était magnifique et le verdict sans appel : 3 étoiles. Un demi verre a suffit à me donner des bouffées de chaleur, envie de me dévêtir et de danser sur les tables, ce que je n’ai pas fait, je te rassure. J’ai été exfiltrée avant (par la cuisine), sous l’œil dubitatif de mon ado de quinze ans, et celui grivois de mon mec (comme quoi, il n’aime pas uniquement peindre poncer et aller à la déchetterie).

Bref, tout ça pour te dire qu’ici, je me sens bien (et pas seulement à cause de la Sangria). Peut-être qu’avec l’âge, l’appel des racines se fait ressentir ? Mes arrières grands parents espagnols, arrivés en France en 1910 au Pays Basque, se seraient-ils trompés de direction ? Pourquoi la Méditerranée me fait-elle cet effet ? C’est un mystère que j’aimerai bien creuser.

Au fait, aujourd’hui, ça fait 39 ans que j’ai rencontré mon mec, ça vaudrait bien une sangria, non ?

Je t’embrasse et te dis à la semaine prochaine.

Nathalie.