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Chères toutes,
La semaine dernière, Christelle m’a demandé d’écrire sur la cinquantaine, alors m’est venue l’idée d’écrire sur la peur que j’avais eue par anticipation. C’était très bête, mais à 48 ans, j’avais vraiment peur d’en avoir 50. À ma décharge, ce n’était pas une période facile. Nous venions de déménager et d’arriver dans une région où je ne connaissais personne et où la météo jouait avec mes nerfs. J’avais décidé de laisser mes cheveux n’en faire qu’à leur guise et j’étais en transition entre le blond platine et le gris auquel j’aspirais, sans pour autant mes couper cheveux. C’était aussi un moment de fluctuation intense pour mon corps : alors que toute ma vie, j’étais entrée allègrement dans tous les 36 que je croisais sur ma route, dorénavant, je devais piocher dans le 40. La période où j’arpentais les rues d’un pas vif et dynamique, le sourire flottant sur mes lèvres me semblait définitivement révolue.
C’était il y a sept ans et il y a sept ans, le passage à la cinquantaine n’était pas aussi médiatisé qu’aujourd’hui, d’autant que, il ne fallait pas exagérer, je n’avais pas encore 50 ans, mais 48. Ça, c’est le côté injuste de la cinquantaine. Elle n’arrive pas à 50 ans pile pour tout le monde, ça peut être 48 ou 52.
Je n'essaierai pas de vous convaincre que c’est un moment formidable de notre vie et surtout pas, photo de Sharon Stone surbotoxée, de Sophie Marceau qui-n-a-rien-fait-du-tout ou de quinquas perpétuellement au régime, à l'appui.
Pourtant, en devenant quinqua, il y a des choses à gagner. Les statistiques le prouvent : nous allons être de plus en plus heureuses. Oui, oui, oui, chaque année un peu plus que l'année précédente, au point de nous trouver bientôt, on nous le garantit, beaucoup plus heureuses qu'à 30 ans.
À toutes fins utiles, je vous rappelle que pour nos trente ans, c'était pas non plus le bonheur absolu. On faisait tout bien comme on nous avait appris à le faire. On disait bonjour en souriant, on achetait le dernier aspirateur à la mode, on invitait notre belle-mère à manger le dimanche, on essayait d'être super performantes au travail, mais pas trop non plus,pour ne pas froisser l’égo des mecs sous peine d’être placée dans un placard. On faisait les courses sans passer par la case drive qui n'existait pas encore et on nous faisait croire que perdre son samedi matin, caddie à la main, était le comble du bonheur. On avait une carrière à faire et des enfants à élever qui détestaient faire la grasse matinée et, accessoirement, un mec.
Après la trentaine il y eut la quarantaine, ma décade préférée pour le moment. Puis, sont arrivés, les cinquante ans. Je ne croyais pas les économistes qui affirmaient que le sentiment de bonheur, au cours de la vie, suit une courbe en U. En clair, de 20 à 45-50 ans le sentiment de bonheur dégringole de façon vertigineuse et, à partir de la cinquantaine, il grimpe aussi vite qu'il avait chuté, pour atteindre une sorte d'extase autour de 70 ans.
Vous n'êtes pas convaincues ? Reprenons depuis le début.
Quel facteur est déterminant pour être heureux, selon l'échantillon représentatif interrogé ? Le fait d'avoir un emploi ? D'être un homme ou une femme ? D'être marié, célibataire, avec ou sans enfants ? De vivre en ville ou à la campagne ? De manger bio, vegan ou microbiote ? Surprise ! C'est tout bêtement l'âge qui modifie le plus fortement la donne. Quelle que soit la génération ou le contexte socio-économique, à revenu, emploi, situation conjugale similaires, à 30, 40 ans, l'individu s'enfonce (il est juste crevé quoi), à 50 ans, il renaît (tel le Phoenix). Et, à 60 ans, c'est l'extase. Voilà la fameuse courbe en U.
Reste à trouver une explication. Que se passe-t-il, à 50 ans, pour que l'individu moyen retrouve enfin le chemin du bonheur ? Quelque chose, on s'en doute, de l'ordre du lâcher-prise. Voilà le secret : à la cinquantaine, on apprend à être heureux de ce que l'on a et tant pis pour ce que l’on n’a pas. Le côté matériel s’estompe pour laisser la place au sens et, chose extraordinaire, ce n'est pas un renoncement, mais une lucidité qui libère : avoir 50 ans ce n’est pas le cataclysme attendu.
Pendant des années, on a tremblé d'atteindre cet âge où, d'après les photos, nos prédécesseurs avaient pris un méchant coup dans l'aile. Et puis, on s'aperçoit que la forme est toujours là, la séduction aussi même si elle est différente et qu’on doit en réapprendre les codes. En un mot : la quinqua que nous sommes n'a rien à voir avec celles d'hier. Sur les photos de fiançailles des années 60, la femme de 50 ans est tout à fait reconnaissable : elle est debout, et sert ses convives. Aujourd'hui, on peine à la distinguer des autres : elle a la tête que sa grand-mère avait à 35 ans, elle est assise à table et la plupart du temps, c'est elle qui se fiance (parce que question mariage, on ne l'y reprendra pas).
Les quinquas d'aujourd'hui ont la divine surprise de se découvrir étonnamment jeunes, avec presque une moitié d'existence à vivre (surtout si elles ont les gênes de ma grand-mère). Elles réorganisent leurs priorités, elles réalisent que ce qu'elles voulaient hier n'est plus ce qui les anime aujourd'hui et elles s'accordent des choses qu'elles refoulaient jusque-là pour tout un tas de faux prétextes. Elles ont aussi appris qu'elles ne sont pas indispensables et que prendre de l’âge est un privilège.
À ce stade, la lectrice pré-quinquagénaire de cette très longue newsletter devrait, selon toute vraisemblance, avoir retrouvé le sourire.
Quant à celle de 30 ans, il lui reste encore, selon les statistiques, quinze ou vingt ans à maugréer sur son sort. Patience, l'âge béni viendra.
Post scriptum : j’ai une pensée pour C, qui aura 46 ans à tout jamais.
Bonne semaine, je vous embrasse.
Nathalie un peu à la bourre :)
L'extase à 70 ans ! Parlons en de la peau qui se fripe de l'humeur qui fait des zigzags,des douleurs qui surviennent tu sais même pas pourquoi, de la souplesse qui s'est fait la malle et autres joyeusetés, mais bon on a la chance de pouvoir encore tricoter pour la petite dernière ou la première d'une longue liste d'arriéres à venir.
Bonnes vacances.
Je t’ai connue - virtuellement- à l’époque de tes 48 ans ... je me souviens de ce que tu écrivais alors, de ton appréhension de la cinquantaine et le cap passé de la sensation que finalement ca n’était pas si pire. Je m’en souviens d’autant mieux que je te suis d’assez près, alors tout ce que tu as écrit sur le sujet, avec humour et poesie m’inspire beaucoup -
Merci de dedramatiser. Et je suis d’accord, 50 ans ca fout le trouille, mais c’est moins nul que 30 ans 🤭. Bon week end.