Bonjour, je suis Nathalie LONGEVIAL, romancière, éditrice externe et coach en écriture. Bienvenue dans ma newsletter : “From Baiona with love”.
Vous est-il déjà arrivé de vous réveiller en vous sentant vieille (ou vieux bien sûr) ? Je veux dire, beaucoup plus vieille (ou vieux) que la veille au soir ? Moi oui. Ça m’est arrivé dans la nuit de dimanche à lundi. Réveillée par une douleur fulgurante à l’épaule droite, je me suis retrouvée dans le rôle de la gentille vieille dame que l’on doit assister dans les moindres gestes de la vie quotidienne : enfiler ses chaussettes, mettre une casserole d’eau à bouillir, se brosser les cheveux et j’en passe. Écrire et travailler s’avèrent impossible. Coincée dans mon fauteuil, j’ai eu un avant goût de ce que pourrait être la vieillesse et une angoisse m’a submergée. Parce que derrière la vieillesse, il y a la mort. Ce n’est une surprise pour personne : dès l’enfance, nous sommes confrontés à celle de Maurice le poisson rouge ou Igor le chat de la famille, de tonton Henri ou tante Irma.
J’ai essayé de lister tout ce qui m’effrayait dans l’idée de vieillir, parce que bien entendu, et ce n’est une nouvelle pour personne, il y a là, quelques désagréments. Je ne vous apprendrai rien si je vous dis que je n’ai plus l’endurance de ma jeunesse, mais je pense être aussi dynamique et rapide que dans la vingtaine, peut-être même plus encore. Il n’est pas exclu que je me (re)mette au sport, ou que je reçoive un prix littéraire. En tout cas, c’est plus probable qu’à trente ans, où ma vie était gérée par un agenda de dingue et où je n’écrivais pas une ligne d’un quelconque roman.
À l’époque, des working girls au brushing impeccable et au mollet ferme m’inspiraient, aujourd’hui c’est une armée en pleine croissance de septuagénaires courant des marathons, d’octogénaires gravissant des montagnes, de nonagénaires faisant du VTT de centenaires expliquant leur longévité par un verre de vin quotidien et un carré de chocolat. Est-ce que cela fonctionne avec une plaque de chocolat et aucun verre de vin ? L’avenir nous le dira.
Une chose m’est alors apparue très clairement : en vieillissant, le quotidien devient plus fragile. Nous sommes plus souvent confrontés à la mort des gens de notre âge ou à leur maladie. On a une conscience plus aiguisée de la valeur des choses, de la vie et des êtres qui nous manquent et un nouveau sentiment survient : celui que le chemin rétrécit.
Alors, oui, fort heureusement on peut encore s’amuser … au moins tant que la santé va bien, ma pauv’dame ! Le problème, c’est que prendre de l’âge, ce n’est pas glamour. On a beau s’auto convaincre que 50 is the new 40 ou que la Quinqua Power, il n’y a que ça de vrai dans la vie, à part nous, les autres s’en tapent joyeusement et préfèrent d’ailleurs fermer les yeux.
Est-ce donc si honteux de vieillir ? Si je pose la question aussi crûment, c’est qu’on l’entend à demi-mots tous les jours et qu’on nous le met sous les yeux à chaque instant dans les pages glacées des magazines et leurs nombreux diktats : la fameuse jupe sous le genou, les cheveux courts plutôt que longs, le maquillage plus léger, la gaine qui colmate les contours floutés de notre silhouette… En plus d’être honteuse, il faudrait aussi cacher la vieillesse dès 35 ans pour ne pas qu’elle s’installe. Pourtant, vieillir est une aventure, dans laquelle on apprend à déjouer l’équation à multiples inconnus faite de termes tels que l’acceptation et les deuils à faire.
Non, je ne vous parle pas de celui de tonton Henri, mais des deuils qui nous concernent : notre silhouette, notre visage, nos cheveux, notre peau ou notre énergie. Alors oui, en ce moment on nous rebat les oreilles avec ces actrices qui ne font pas de chirurgie esthétique (après en avoir fait pendant vingt ans), celles qui ne se font plus colorer les cheveux (sauf pour tourner dans tel ou tel film), celles qui jurent qu’elles ne reviendraient pas en arrière (en vrai, je ne serai pas contre un petit retour de dix ans en arrière), de celles qui disent que c’est un bonheur de vieillir parce que ça signifie qu’on continue de vivre (quand d’autres sont morts, pensez à tonton Henri). Et voilà que l’horrible définition du Robert “vieillir, c’est continuer à vivre alors qu’on est vieux” revient comme un boomerang. Mais, trêve de digressions et revenons à nos moutons : Pourquoi a-t-on peur de vieillir (si l’on excepte la mort au bout du chemin) : pensées en vrac qui ont traversé mon esprit alors que j’étais coincée dans mon fauteuil.
Parce que je pourrais avoir besoin des autres : Perdre mon autonomie et devenir un poids pour les autres ? Non, merci ! Alors si on rajoute qu’il se pourrait que je sois, en plus, atteinte d’une maladie qui m’empêche de les reconnaitre, mon rythme cardiaque accélère. L’idée de vivre en EHPAD n’est tentant pour personne, sauf dans certains bouquins improbables où brusquement une trentenaire se retrouve confrontée à de vieux doux dingues en commençant un job dans une maison de retraite (je crois que je préférais ce mot à l’acronyme susnommé). Mais en vérité ? Peut-on encore fumer un pétard autour d’un feu de camp dans le jardin de la résidence ? A-t-on encore les moyens de se rebeller quand la moindre incartade peut vous priver du sourire de l’aide soignante pendant une semaine ? J’en doute.
Et si vieillir c’était ne plus avoir des projets ? Quand arrête-t-on de faire des plans sur la comète avant de s’endormir ? À quel âge ne refait-on plus le monde le samedi soir ? C’est quand qu’on n’a plus hâte d’arriver à une certaine date ou qu’on n’attend plus fébrilement un appel téléphonique ?
Parce que j’ai peur de souffrir : oui, vieillir en ayant mal à l’épaule (mais ça marche aussi avec avoir mal au dos) je trouve pas ça top.
Ou de tomber malade : pire que le précédent parce qu’on sait tous qu’il y a des maladies de vieux, et des maladies de jeunes et que les premières sont plus graves que de choper la mononucléose infectieuse.
Mais sans doute le pire serait d’abandonner ceux qu’on aime : plus on s’approche de la fin, plus il y a de risques qu’on lâche leur main.
Pour contrecarrer cette situation je me redis en boucle ce que j’ai entendu de la bouche de Paloma Picasso : à 80 ans, son père était toujours le plus jeune de tous, même entouré d'étudiants. Et si c'était ça, ne pas vieillir : se moquer des conventions liées à l'âge !
Bonne semaine, je vous embrasse !
Le coin papote des copines : à quel âge devient-on vieux ?
Petit message pour celles qui n’ont pas Instagram pour répondre à la question du jeudi : vous pouvez répondre en commentaire, je serai ravie de vous lire et de voir votre nom s’afficher.
Lucile : Moi, je me sens pas vieille, mais mon corps n’est pas du même avis, ça commence à coincer de partout.
Amal : Quand on arrête de rire.
Gaëlle : C’est tellement subjectif. En plus on est toujours le vieux de quelqu’un (comme pour les cons 🫢) 😅 Ce qui compte sûrement c’est de ne pas l’être dans sa tête…
Isabelle : Vieillir c'est encore être en vie !!!
Alice : On devient vieux quand on arrête d'avoir des rêves
Céline: La vieillesse c'est dans la tête 😍
Claude : Vieillir ce n'est pas que dans la tête c'est aussi le corps qui part en sucette et le tobogan vers la déprime dixit Fabrice Lucchini.
Virginie : On ne sera plus là pour le savoir !
Virginie (une autre) : On devient vieux quand on arrête de croire en la vie, quand on attend au lieu de vivre.
Marie-Aline : Sur le sujet , un documentaire passe lundi soir en 2 eme partie de soirée “la force de l’âge “ sur F3. Les réflexions des protagonistes ( 1 chorégraphe et 8 personnes de plus de 65ans dans un projet un peu fou de monter un spectacle de danse parlant justement de la force de l’âge ) m’ont amenée à réfléchir pas mal sur le rapport à mon corps à 55 ans . Passionnant!
Anna : C’est un exil.
Victoria : Tout est dans la tête. 😘
Laurence : À quel âge on est vieux ? Aucune idée mais le plus tard possible ! En revanche, on peut avoir une vie de vieux à 50 ans et de jeune fille ou de jeune homme à 90 ans ! Judith Magre 97 ans en est un bon exemple, elle pétille encore sur scène ! C’est la façon d’aborder chaque étape de la vie et l’enthousiasme qu’on y met qui importe. Restez toujours actif, éveillé, faire ce qu’on aime, et sans stress, c’est peut-être le secret 🤔
Christelle : On devient vieux quand on arrête de s'émerveiller, de s'amuser, et de faire des bêtises.
Cécilia : Dans longtemps 😉
Marie-Jo : La vieillesse c’est dans la tête (les mauvais jours) et dans le physique (si trop active) 70 ans dans quelques mois ! On le ressent certains jours 😂 mais il faut se bouger un bon remède.
Nathalie : Quand on arrête de vouloir apprendre des trucs.
Célia : Oh vieillir... cette question m'occupe terriblement l'esprit en ce moment... Hâte de te lire!
Cécile : Quand on se sent vieux, non? (Pour moi je crois que c'est dans longtemps...enfin j'espère !)
Laurence : Lorsqu’on cesse d’avoir envie
Texte qui fait bien réfléchir comme le documentaire cité. “ Dans chaque vieux il y a un jeune qui se demande ce qui s’est passé “ dit le chorégraphe du documentaire. Moi qui ai du mettre sur pause tout un tas d’activités qui me passionnaient pour faire face aux “aléas” de ma vie , je me persuadais jusqu’alors que je reprendrai le cours de me vie d’avant quand le moment serait venu… et puis , ce documentaire m’a bousculée, m’obligeant à admettre que les limitations de mouvement qui se sont doucement installées ces derniers temps seraient peut-être irréversibles si je les laissais perdurer sans les combattre. Pour moi c’est ça l’effet de la vieillesse, être obligé de prendre garde à la possible irréversibilité d’une sclérose ( du corps …ou de l’esprit) et faire en sorte qu’elle ne s’installe pas .
<3