Cette semaine, je n’ai eu aucune idée de newsletter. Aucun sujet ne m’a semblé intéressant. Vous raconter le décès de ma langue, de mes joues et ma gorge après être allée chez le dentiste ? Vous dire que j’ai perdu trois semaines de travail en enregistrant mal un document ? Vous parler des premiers retours sur Rendez-vous à Héyo qui me font bondir de joie tant ils sont dythirambiques ? Vous partager mes recettes pour mes déjeuners en solitaire ? Vous expliquer à quel point c’est agréable de recevoir un message d’une libraire qui me demande de lui envoyer des exemplaires de mon roman parce que d’habitude, c’est moi qui dois les démarcher et les libraires sont en général peu réceptifs aux auteurs indépendants ? Vous montrer la bague Anna Louis Paris que j’ai gagnée en participant à un concours IG ? Non.
Certaines semaines, trouver un sujet relève de la quête. Je me pose des milliers de questions, je trie, je classe et je jette beaucoup pour ne pas finir ensevelie. Ensuite, vient une espèce d’ascèse. Peut-être le sujet jaillira-t-il de cette économie de lecture, de l’allègement, de l’austérité à laquelle je m’astreints. Chaque vendredi, je voudrais vous parler de quelque chose de l’ordre de l’essentiel. Je voudrais n’écrire que des textes capables de vous émouvoir, vous faire réfléchir, nous nourrir, vous faire rire ou pleurer. Je voudrais ne jamais écrire un texte de plus, noyé parmi des centaines d’autres. Ce que je voudrais : savoir les reconnaître et appuyer sur “efface” avant leur parution.
J’ai l’impression qu’ici, parfois, il se passe un truc. Vos réponses en commentaire, vos mails quelques jours plus tard, juste le temps que la newsletter résonne en vous, vos messages privés, me font croire que je suis sur la bonne voie.
Il est un peu plus de midi. J’ai découpé ma carotte, préparé mon fromage blanc au Tahini, j’ai ajouté une salade de petits pois-citron-menthe-cébettes. Je me suis installée sur la petite table rouillée dans le jardin dont j’aime les cicatrices qui racontent le temps qui passe alors que je dissèque celui qui reste.
J’ai fouillé dans les textes tout prêts que je garde jalousement : j’aurais pu vous parler du rapport que j’entretiens avec Instagram, de la notion de réussite qui évolue au fil du temps, du handicap invisible et de l’intégration, d’une interview imaginaire, de mes petites avancées que je note comme s’il s’agissait de pas de géant… mais, non, rien ne m’a plu, alors aujourd’hui j’ai choisi de vous faire un En vrac et pas dans l’ordre, comme je le faisais sur le blog les jours où je n’avais rien à dire, un melting pot de tout et de rien.
En vrac et pas dans l’ordre
Le saviez-vous ? Les jeunes gens ne sauraient pas interpréter une phrase si elle n'est pas accompagnée d’émoticônes ! L’usage des émojis varierait aussi selon le sexe. D’après une étude déclarative de 2017, portant sur 1 000 Américains, 91 % des femmes utiliseraient les émojis contre 75 % des hommes. Brandwatch, qui suit l'utilisation de ces icônes graphiques sur Twitter, révèle que les cœurs rouges et mauves, les yeux au ciel, le visage assoupi, le sourire tête à l’envers et toutes les traductions graphiques de la joie sont plus fréquents chez les utilisatrices, tandis que le regard en coin, les lunettes de soleil, la moue sceptique, le rire embarrassé, le sourire en coin et globalement les expressions de peur sont plus récurrents chez les utilisateurs. Et le point ? Avez-vous remarqué que les jeunes ne mettent pas de point à la fin d'un sms ? Il parait que ça fait trop dur, que ça ferme la porte et ne permet pas au lecteur d'apporter une réponse. Dingue, non ? De mon côté, il parait que j’ai un dictionnaire des émojis assez particulier que mes enfants ne comprennent pas toujours. Et vous ?
Et ça, vous le saviez ? (moi non) Au début de l’humanité, tous les hommes avaient les yeux marrons. Ce n’est que récemment — entre 4000 et 8000 ans av. J.-C. — que les yeux bleus sont apparus, sans doute en raison de la mutation d’un des 60 gènes contrôlant la production de mélanine. Comme pour la peau et les cheveux, c’est la concentration de ce pigment biologique présent dans l’iris, qui détermine la coloration des yeux. Peu c’est bleu, beaucoup c’est marron. On nous raconte aussi une histoire folle, celle de Martin Fugate, un orphelin français venu aux États-Unis au XIXe siècle. Sa particularité : une peau bleutée en raison d’un gène défaillant. Hasard fou, sa femme a le même problème génétique. Vivant en vase clos dans les Appalaches, ils donnent naissance à sept enfants qui donnent eux-même naissance à une communauté de gens bleus. Il faudra attendre les années 1960 pour qu'un médecin identifie le problème. Grâce à un traitement à base de bleu de méthylène, ils retrouveront un teint rosé en quelques minutes. Toutes ces histoires incroyables sont à écouter sur Le podcast Science et c'est passionnant.
Cette semaine, j’ai refermé un carnet. Et j'en ai ouvert un autre. Le premier était bleu, le nouveau est orange. Je crois que j'en ai fini avec les carnets noirs, aujourd'hui je les veux colorés, gais, bariolés, doux sous la main et la feuille veloutée.
Hier, Ariane m'a dit "quand t'écoutes les infos, on dirait que tu vas te prendre un mur". Depuis quelque temps, moi qui écoutais religieusement les informations (hérédité quand tu nous tiens), je les ai éteintes. Je sais pertinemment que le monde ne va pas mieux, qu'il tourne toujours en carré, qu'il meurt, qu’il étouffe, qu'on voudrait qu'une usine qui fabrique des pneus ne ferme pas, même si on nous implore de moins conduire, même si posséder une voiture qui plus est avec de gros pneus est aujourd'hui devenu
indécent, même si ce sont des pneus de vélo qu'il faudrait produire. Je sais qu'il y a toujours des fous pour faire du mal aux animaux ou aux femmes, je sais que c'est peut-être se mettre la tête dans le sable, mais moi, je vais mieux. Merci.
Merci pour les anecdotes, elles me donne envie de lire milles livres, de regarder milles films ou documentaire et d'écouter milles podcast.
Pour les emojis, je ne pensent pas que les jeunes ne comprennent pas le sens d'une phrases sans emojis, il y a plusieurs raisons qui peuvent je penses détruire cette études.
Le plus important c'est que tu aille bien !
Ecrire chaque vendredi LE texte , quel challenge. Je pense qu’il n’y a pas de texte noyé dans le flot des autres, chaque texte est un LE Texte en puissance pour quelqu’un . J’en suis absolument convaincue.
Merci pour cet en vrac et pas dans l’ordre, qui mine de rien donne à réfléchir ...
Je me doutais que les emojis jouaient un rôle de plus en plus important dans la compréhension des messages écrits, mais lire que cela est objectivement vrai glace la prof de francais que je suis... on n’a pas le c**** sorti des ronces ma p’tite dame.
La bonne nouvelle c’est sue je ne serai pas de suite au chômage technique, j’ai encore quelques défis à relever.