Bonjour et bienvenue dans ma newsletter : “From Baiona with love”.
Si tu la reçois aujourd’hui, c’est que tu t’y es abonnée via mon compte Instagram ou par mail. Tu peux, à tout moment, choisir de te désinscrire en cliquant sur le lien en bas de la newsletter.
Ennui - Définition :
1. Peine qu'on éprouve d'une contrariété. Avoir des ennuis de santé.
Impression de vide, de lassitude causée par le désœuvrement, par une occupation monotone ou sans intérêt.
Chères lectrices et lecteurs,
C’est bien sûr de la deuxième définition que j’avais envie de vous parler aujourd’hui.
Je me souviens qu’enfant je m’ennuyais. Le temps passait lentement. Nous étudions le trajet des fourmis, nous regardions les moineaux picorer les miettes qu’on leur offrait à la fin des repas. Tout était long : les trajets en voiture, qui passaient au rythme des poteaux électriques qui courraient par la fenêtre, les fins d’après-midi, les dimanches pluvieux et les autres aussi, ou les repas de famille, mais, était-ce de l’ennui ?
Le problème de l’ennui, c’est la perception que l’on en a. Dans notre société, s’ennuyer est toujours connoté péjorativement. S’ennuyer c’est perdre son temps, et comme le temps c’est de l’argent, s’ennuyer c’est se déprécier. Pourtant, l’ennui n’est pas synonyme de vacuité, tout du moins chez l’adulte, qui trouve toujours mille façons de remplir ses petites cases de vide par toutes sortes d’activités : réfléchir à son compte en banque, dresser des listes de choses ou de courses à faire, préparer une machine, définir une stratégie pour ceci ou bien cela … l’adulte ne s’ennuie plus.
Je me souviens, il y a quelques années, d’une conversation avec mon amie Laurence pendant laquelle j’étais très contente de dire que je ne m’ennuyais jamais. Je trouvais toujours quelque chose à faire.
L’ennui ? Qu’est-ce que c’est finalement ? Est-ce que rêvasser, c’est s’ennuyer ? Est-ce que rester assis à réfléchir, c’est s’ennuyer ? Contempler les routes qu’empruntent les fourmis ou le vol d’un papillon, c’est s’ennuyer ? Est-ce le simple désœuvrement ? Ne rien faire “d’utile” ? Je ne sais pas ce qu’est l’ennui. Le véritable ennui, je veux dire. Ou du moins, il y a bien longtemps que je n’en ai pas éprouvé la sensation.
Depuis combien de temps ne me suis-je pas ennuyée ? Une éternité. D’autant qu’aujourd’hui, quel que soit le moment où je dois attendre, chez le médecin, mon fils à la sortie du lycée, que la file à la caisse du supermarché avance, je dégaine l’objet magique qui fera accélérer le temps : mon téléphone. Un petit tour sur Instagram, un autre sur Facebook, un voyage dans mes photos ou un coup d’oeil sur les news.
Selon moi, l’ennui doit faire surgir des idées, alors qu’aujourd’hui, on le remplit d’images que d’autres ont concocté pour nous. Pour moi, l’ennui est forcément solitaire, impossible de s’ennuyer à deux, et il doit nous apprendre à négocier avec nous-même et à ne pas toujours solliciter ou être sollicité.
Cela fait quelque temps déjà que je me suis aperçue que la quantité d’espaces vides dans ma vie était réduite, et c’est pourtant lui, le vide (puisque je n’arrive pas à saisir ce qu’est l’ennui) qui me nourrit. Je le sais. J’ai besoin de ce temps-là, pour poser mes idées, les clarifier, pour tirer sur un fil et le tricoter, pour observer et imaginer, pour mesurer mes avancées.
Alors, parce que j’ai décidé de bouger les lignes, depuis quelques semaines, j’oublie volontairement mon téléphone. Les gens qui vivent près de moi ne se seront certainement rendu compte de rien : il est encore bien trop présent dans mon quotidien pour qu’ils aient pu remarquer quoi que ce soit, mais je persévère. Je voudrais retrouver la sensation d’ennui. Être, plutôt que faire, retrouver l’essence plutôt que de plonger dans le superficiel, la vérité de la vie plutôt que son artifice, parce qu’associé au rien, au néant, au vide, l’ennui n’en demeure pas moins un moment extraordinaire. Certains diront, un outil.
Grâce à lui, je suis revenue à l’observation. Véritable travail de l’écrivain, je m’y adonne avec plaisir. Quand l’envie de prendre mon téléphone survient, j’observe. Le lieu dans lequel je suis, les gens autour de moi, je surprends une conversation, je note mentalement un trait physique qui m’interpelle, je dissèque une couleur, un visage, j’imagine des prénoms à la dame qui me précède à la caisse du supermarché et en fonction de ce qu’elle a mis dans son charriot, je lui invente une vie. J’oblige mon corps à ne rien faire. L’ennui, ou plutôt l’espace laissé vacant par des activités diverses et variées dans lesquelles je plongeais pour dire que j’étais utile, est devenu une façon de créer, de comprendre de donner du sens à ce qui m’entoure. Dans l’ennui, il y a mes futures histoires, celles que je raconterai demain, mais …
On est bien d’accord, ce n’est déjà plus de l’ennui… que c’est ennuyeux !
Ce qu’en pensent les copines.
Vaste sujet que l’ennui ! Vous avez été nombreuses à répondre à ma question sur votre rapport avec lui. Merci d’avoir nourri ma réflexion.
Valérie : Je crois que moi non plus je ne connais pas l'ennui... et je pense que les idées me viennent plutôt dans l'action ! Mais c'est épuisant en effet...
Sandrine : L'ennui est une bonne chose c'est avec lui que naissent les idées et la créativité il faut lui ménager des places. Mais pour moi ce n'est pas de l'ennui juste un moment off. Parce que l'ennui lui même genre je sais pas quoi faire je connais pas trop de choses m'intéressent ou me passionnent.
Langarika : Savourer L'ennui : Délicieuse pause, Précieux temps suspendu pareil à un chemin où il fait bon se perdre pour se retrouver vraiment.
Célia : J'adore m'ennuyer, c'est le repos ultime! Ne pas avoir le temps de s'ennuyer, c'est qu'on en fait trop. Et on a trop tendance à en faire trop dans nos vies, malheureusement.
Nathalie : Je crois que je ne connais pas l'ennui. Mon cerveau est toujours en pleine réflexion ! Je crois que je 'e sais pas m'ennuyer. ✨🍀☀️🙏
Élisabeth : C’est un état que je cherche moi aussi . Mais très souvent prise par la culpabilité j’oublie de m’octroyer le temps de ne rien faire .
Pour moi ça vient de mon éducation , de vieux restes bien installés.
Aurélie : C’est quoi, l’ennui ?
Caroline : Je ne m’ennuie jamais. Même si je reste toute une après-midi à ne « rien faire » il se passe tellement de choses en moi que je ne ressens pas d’ennui.
Nathalie : Je m’ennuie rarement dans le sens où tout pour moi a un intérêt, du coup, je préfère le mot désœuvrement, une situation, un état qui active my creative mind, je me mets en mode contemplatif et hop...
Laisser les enfants s’ennuyer est pour moi indispensable pour le développement de l’imagination.😘
Christelle : 'Jai toujours eu du mal avec le mot, ou avec la notion... quand mon fils me dit "je m'ennuie ', je lui réponds d'en profiter pour penser à ce qu'il a apprécié de sa journée, sa semaine, de penser à ce qu'il aime faire... et généralement, n'ait alors une idée activité ! Pour ma part, pas de véritable ennui, mais je prends enfin le temps de me poser parfois, pour laisser aller mes pensées...
Amal : Très important l’ennui, ca fait partie de la vie: je pense que les sociétés occidentales en ont une définition biaisée et dévalorisante pour celui qui s’ennuie . L’ennui n’est pas le vide, en tout cas pas vacuité.
Marie-Aline : J’aimerai avoir le temps de m’ennuyer : je pourrai alors combler l’ennui avec plein de choses sympas ! Écouter de la musique du fond de mon hamac notamment.
Claude : L'ennui je déteste. Quand j'étais gamine (il y a fort fort longtemps) fille unique, je ne m'ennuyais jamais, je lisais,beaucoup, maintenant je tricote ou je couds, j'ai les mains qui ne peuvent rester sans occupation. C'est quoi l'ennui ? Ne pas savoir que faire ou n'avoir pas envie de faire ?
La semaine prochaine, Amal et moi tenterons de faire une newsletter croisée sur notre rapport à l’argent. J’espère que vous serez aussi nombreuses que cette semaine à réfléchir à ce sujet avec nous. Et si vous écrivez des newsletters et que l’aventure vous tente, rejoignez-nous ;)
Je vous embrasse,
Nathalie
Totalement la newsletter qu'il me fallait !! Merci❤️
tes lettres sont des gourmandises Nathalie !
celle-la est particulièrement réussie et le sujet si original et intéressant.
bon maintenant que c'est officiel, je retourne travailler ma copie collégiale pour notre news et voir si le fric c'est chic ou pas ;-)
je t'embrasse, Amal