Impromptu de fin juillet

Quand je n'ai pas grand-chose à dire

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Hier, j’expliquais sur Instagram que cette semaine encore, j’ignorais ce dont j’allais parler.

C’est que ça revient vraiment vite cette histoire de newsletter. Alors, j’ai bien des thèmes et quelques articles déjà près pour les jours où, justement, je ne vais pas savoir de quoi parler, mais ils ne correspondent jamais à ce que j’ai envie de raconter. Non, je ne sais pas si ça vaut le coup, de philosopher sur tel ou tel sujet d’autant que certains d’entre vous sont déjà en vacances. Alors, voilà les réponses que j’ai obtenu:

Caroline m’a dit : « Et si tu parlais de Mojito ? » C’est vrai qu’à une période, comme tout le monde j’imagine, j’ai succombé à la folie du Mojito et à ses feuilles de menthe transformées en cadavres qui croupissaient au milieu des glaçons. Mais cette image, m’a vite fait changer de préférence. Vint ensuite l’engouement mondial pour le Spritz et sa jolie couleur orange qui était tellement raccord avec les couchers de soleil sur lesquels je m’extasiais, assise à un guinguette face à l’océan. Là encore, j’ai succombé, mais en vérité, ce que j’aime c’est le Cosmo et surtout sa version Brooklynienne, goûtée au premier soir de notre visite new-yorkaise dans un restaurant au coin d’une rue, dans une version glacée. À base de vodka, de triple sec, de citron vert, et de jus de canneberge, il est d’une couleur rose pâle. Le Cosmopolitan, c’est aussi la boisson préférée des héroïnes de Sex and the City. Le cocktail apparaît pour la première fois au début de la deuxième saison. Carrie Bradshaw fête alors son anniversaire avec ses amies. Le Cosmo est tellement populaire que les fans de la série et de ce cocktail ont inauguré un « Cosmopolitan Day ». Il se déroule chaque année le dernier samedi du mois de mai (date à laquelle a été diffusé le premier épisode de la série télévisée Sex and the City). Par extension, le Cosmo est devenu la boisson de New York, et moi, ça me va.

Inès m’a dit : « T’as des tas de sujets. Tu pourrais parler de tes « trucs » doudou par exemple ». Oui, parce qu’hier soir j’ai appris une mauvaise nouvelle et ce n’était pas fait pour que mon inspiration revienne au galop. Non, ça m’a plutôt séché sur place. Donc hier soir, j’ai préparé ma recette doudou issue du livre Simple d’Ottolenghi : Lentille du Puy au caviar d’aubergine, tomates cerises et yaourt (p 166). Alors, oui, il faut carboniser les aubergines et faire confire les tomates cerises au four thermostat 240, mais rappelez-vous que j’habite au Pays basque. L’espace d’un instant, j’ai un semblant de canicule dans ma cuisine. Dans mes trucs doudou il y a aussi : changer les draps (même si ça a été fait la veille ce qui était le cas hier), marcher nu-pieds dans l’herbe (et c’est un excellent exercice cognitif pour éviter les déjections canines de Brooklyn, ma chienne). Il y a manger des hot-dog faits maison, mettre mes pierres autour de mes poignets, enfiler mon pull vert tout mou, lire mille fois le mail de ma correctrice, reçu hier, seulement quelques secondes après celui qui m’a séché, et surtout lire et relire cette phrase : « J’ai vu dans les remerciements que vous êtes encouragée par votre famille et vos amis. Ils ont raison, ce manuscrit est une merveille. » C’est bon d’avoir des gens autour de soi qui croient en vous plus que vous-même (mais c’est dangereux quand c’est vous qui devez défendre votre bifteck.)

Inès m’a dit aussi : « Tu pourrais parler de la princesse au petit pois inversée, c’est un vrai sujet je trouve … » Alors, voilà. La princesse au petit pois inversée, c’est moi. Oh, ça va ! Avouez que si j’avais écrit la reine mère au petit pois inversée, ça n’aurait pas donné la même image ! Bref. J’ai découvert l’hiver dernier que quand j’étais chez ma mère, je dormais mieux. Oui, parce que, pour celles qui l’ignorent, je suis la championne toutes catégories de l’insomnie : le petit vélo rouge que j’ai dans la tête choisit de se mettre en hyperactivité au moment précis où je pose ma tête sur l’oreiller, alors même que je déteste le vélo. Chez maman, le lit dans lequel nous dormons est aussi le lieu où elle empile les édredons moelleux et les couettes toute douces en surplus, dans le cas où ses petits-enfants en auraient besoin. C’est là, enfouie sous la montagne de linge que je n’avais pas voulu ôter (rapport que je dors la fenêtre ouverte, mais que là-bas, comparé au temps hivernal de Bayonne, c’est le grand-nord), j’ai vraiment très bien dormi. Ma découverte fut extraordinaire : ainsi, j’avais besoin de poids sur moi pour dormir. J’ai répété l’exercice et chaque fois, je m’endormais très facilement. j’ai donc acheté une couverture moche qui pèse un âne mort (30 kilos) et comme elle est laide, je la retire chaque matin pour la remettre chaque soir. Bon en tout cas, j’ai des muscles et je dors beaucoup mieux maintenant. Ça arrive à d’autres ?

Ariane m’a dit : « Peu importe, du moment que tu racontes avec ta façon de le faire ». Je dois bien avouer que je n’arrive pas à comprendre quelle est cette façon qui ne semble convenir qu’à mes lectrices et pas du tout aux éditeurs. Je me demande comment s’opère la différence ? À quel endroit se situe la moue de l’éditeur pour qu’il balance mon manuscrit sur la mauvaise pile, celle des livres qui n’ont aucun intérêt pour les lecteurs ?

Patrick m’a dit : « Dis-leur que j’ai adoré rendez-vous à Héyo. C’est un signe non ? Mais si parles de tout ça, il n’y aura ni la Castafiore, ni Sharon Stone ? » Bon, beh, il va être content, elles y sont et pour ce qui est de Rendez-vous à Héyo, j’en suis ravie. Oui, c’est un signe. Ce matin, il m’a dit « C’est bien que tu aimes toi aussi les histoires qui finissent bien» a t-il ajouté. Ce n’est pas tant que je les aime, c’est surtout que j’ai appris que les gens les préfèrent.

Il m’a dit aussi (mais je ne me souviens plus à propos de quel couple) : « C’est chouette de se séparer et de rester aussi bons amis. » Oh oui, c’est chouette !!! ai-je répondu avec un peu trop d’enthousiasme à son avis. Il m’a regardé en biais, on était dans la voiture, avec son air pincé à mi-chemin entre “tu veux m’annoncer une nouvelle ?” et “je-ne-te-crois-pas”. « Mais n’y compte pas », ai-je terminé sur un ton revêche. « Mais pourquoi ? » « Mais parce que je t’aime, tiens. » « Et ? Tu ne veux pas qu’on reste amis ?» « Non, si tu me quittes, j’irais chercher ton cœur si tu l’emportes ailleurs, j’irais chercher ton âme dans le feu dans les flammes, je jetterai des sorts pour que tu m’aimes encore et elle pourra danser tout ce qu’elle veut, je danse bien mieux qu’elle ». Bon, j’ai nettement vu dans son regard que cette idée que je me batte pour le reconquérir lui plaisait. « Mais, si c’est moi qui te quitte, alors, c’est OK on peut rester bons amis !»

Mots en vrac

En ce moment, je lis les romans de Rosamund Pilcher, une écrivaine britannique de “romans d’amour et sentimentaux”, comme on disait à l’époque où le terme feel-good n’existait pas. J’en suis au cinquième. C’est bien écrit, bien documenté, d’une écriture fluide et agréable. C’est un peu comme si tu suçais, un Werther’s devant un feu de cheminée et que ta grand-mère te racontait les potins de Clairac.

Ma playlist 2023 avance. J’en suis à 200 titres d’un éclectisme absolu. Je passe de bandes originales à des titres vieux de trente ans ou quarante ans. Il y a beaucoup de musique classique et des titres étrangers, grecs, italiens ou espagnols. Quand je l’écoute, je suis presque en vacances.

J’ai été hospitalisée tout début juillet. Je ne sais pas encore ce que mon corps a voulu me dire. Je cherche, mais je ne trouve pas. Je n’étais pas plus stressée qu’en d’autres occasions, j’aurais même tendance à dire que je l’étais moins. Peut-être n’avait-il rien à me dire puisque les médecins n’ont pas trouvé la cause de cet arrêt intempestif. En tout cas, pour la première fois depuis sept ans, j’ai un Summer body parfait. Enfin, le parfait de mes presque 55 ans et c’est toujours ça de pris.

Je vous embrasse et vous souhaite un bon week-end, à la semaine prochaine !