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Chères lectrices,
J’ignore si écrire une lettre le 14 juillet est réellement judicieux. Vous devez avoir des tas de choses à faire : préparer des salades colorées, vous étendre sur une serviette au bord d’une plage ou d’une piscine, étaler de l’écran total sur les épaules de vos enfants, aller au bal des pompiers, recevoir des amis, aller voir le feu d’artifice… J’ai pourtant pris le parti de l’écrire et imaginé que vous la liriez quand vous en auriez envie, ou quand vous en auriez le temps. Demain matin ou dans trois jours, peu importe… j’espère qu’elle vous plaira.
Il y a deux semaines, en entrant à l’hôpital, le médecin de garde m’a demandé mon métier. “Écrivaine” ai-je répondu après avoir pris une grande inspiration. Il m’a dévisagé avec des yeux aussi ronds que les soucoupes du service à thé de ma grand-mère. “Oui, ça existe vraiment, les gens qui écrivent des romans” lui ai-je dit dans un sourire. “Mais, des romans avec des mots ? Des romans qu’on trouve dans les librairies ? Je suis curieux, parce qu’à mon âge (qui était à peu près le mien) je n’avais jamais rencontré de patiente écrivaine”. Alors que je racontais cette histoire sur IG, Céline L m’a donné envie de vous parler de mon travail. “Écrire, me disait-elle, n’est pas si courant, et les gens sont curieux d’en savoir davantage sur ce drôle de métier. Tu pourrais d’ailleurs plus en jouer ”.
S’il y a une chose que je ne fais pas, c’est ça, en jouer, peut-être parce qu’à chaque fois qu’une nouvelle idée de roman apparait dans ma vie, je ne suis jamais certaine d’arriver au bout (alors que les vrais écrivains, pensé-je, savent forcément comment s’y prendre du début à la fin).
Chaque histoire en devenir est à elle seule une aventure avec ses petits sentiers ombragés où il fait bon flâner, ses chemins escarpés qui nous font douter de tout et son contraire, ses carrefours déguisés en Time Square qui nous somment de faire des choix, des ravins non répertoriés sur la carte (généralement à la page 90) et ses sommets vertigineux qui cachent des forêts profondes. Chaque journée que je passe, assise sur le fauteuil fatigué hérité de ma grand-tante Micheline, est composée de cela, en plus ou moins grande proportion.
Quand je pose les premières lignes d’un roman, j’ai toujours l’impression que je n’y arriverais pas, que je ne saurais plus le faire : il y a trop de possibilités, et trop d’herbes hautes qui permettent de se perdre en chemin. Tous les livres qui ont précédé n’étaient qu’un malentendu, la chance du débutant. Écrire des romans, c’est tellement long, c’est tellement incertain, tellement solitaire aussi, qu’en terminer un relève du miracle et quand j’y arrive, j’en suis la première étonnée : au bout de 300 pages il s’est produit quelque chose. J’appelle les personnages par leur prénom, je rêve d’habiter dans les lieux de l’histoire et voilà que je viens d’inscrire le dernier mot, qui n’est jamais le mot fin.
Quand j’ai commencé à écrire, j’espérais arriver un jour à poser mes mots avec sérénité, à être sûre de leur bonne place et de la qualité des phrases qui en découlaient. Je rêvais au moment où, sitôt l’idée de départ trouvée, je saurais exactement où aller et comment y arriver. Ce confort de travail, devait arriver au bout de six ans de pratique, me disais-je. À ce moment-là, je saurai comment avancer pour aller du premier au dernier chapitre. Je ne douterai plus de la qualité de mon écriture ni de l’intérêt de mes questions dramatiques et les mauvaises critiques ne viendraient plus jamais interférer avec l’acte de création : vade retro blessure narcissique.
J’imaginais que c’était ainsi qu’écrivaient les (vrais) écrivains. Qu’il s’agissait d’une compétence à acquérir, ni plus ni moins, et six ans me paraissaient une bonne durée d’apprentissage. Les auteurs que j’avais alors rencontré m’avaient juré qu’avec du travail et de la persévérance, tout viendrait à point si je savais attendre : ceux qui réussissent sont ceux qui n’ont jamais abandonné. J’ai travaillé, persévéré, attendu et jamais abandonné et comme vous l’aurez deviné, cette sensation n’est jamais arrivée. Pas de chemin ensoleillé avec des points d’eau réguliers pour me rafraichir, ni d’oiseaux sur la branche pour me chanter la sérénade. Pas de nuage moelleux où me reposer, ni de ciel dégagé pour compter les étoiles filantes. Plus du double du temps après, je ne suis jamais sûre de rien, pas même de terminer un projet, ni de savoir comment le débuter. Chaque phrase est un challenge, chaque livre est un territoire à conquérir. Une expérience merveilleuse.
Et vous savez quoi ? Cest sans doute très bien ainsi, parce que la richesse d’un roman réside dans mes atermoiements, mes doutes et tous les possibles qui vivent dans chacun des mots que je dépose sur mes pages. Elle réside dans l’envie que je déploie et l’énergie que je mets à la réalisation de chaque roman. C’est dans cet espace de doute que se niche la création. Créer, c’est regarder différemment ce qu’on a vu mille fois, disséquer le réel, aller mettre les mains dans le cambouis. Créer, c’est apprendre chaque fois à partir de zéro, s’attendre à réussir et échouer, craindre d’échouer et réussir. C’est accepter l’imprévisible et espérer l’inattendu.
En ce moment, je pose les premiers mots d’un nouveau projet après avoir abandonné les deux précédents, un à la page 121 (une première pour moi), et l’autre à la 89 (très habituel : la page 90 représentant le Saint Graal de l’écriture pour moi). À nouveau, je ne sais plus ce qu’il convient de faire : courir à perdre haleine ou prendre le temps de flâner en route ? Je persévère. Parce qu’écrire, c’est vivre plusieurs fois : la première quand je vois, la deuxième quand j’écris et que je tente de rendre au mieux les sentiments et les émotions, et la troisième quand je relis.
Comme le dit si bien Amal “créer c’est une ascèse, un art de vivre”.
Des chemins inattendus.
Parce qu’il n’y a pas que l’écriture dans la vie, la créativité peut prendre plusieurs formes. Quand je la mets en stand-by :
je crée des plateaux de fromage, je fais un dessin par semaine, j’écris des chansons, je crée des play-list, j’écris des Haïkus ou du slam, je range mon dressing par couleur, je fais des bouquets, je dresse des tables à thèmes, je cuisine, je fais de la poterie, je rénove des maisons … Et vous ? Quelle forme prend votre créativité.
Ce qu’en pensent les copines
Marie Aline : Pour moi la création c’est en dilettante, quand quelque chose a besoin de s’exprimer. Rien de construit, ça peut me monopoliser plusieurs jours ou semaines sur un projet et puis pfff l’envie de continuer s’évapore… heureusement que tous les créateurs ne sont pas comme moi !
Célia : La création j'en ai surtout besoin pour exprimer mes émotions.
Amal : créer c’est une ascèse, celle de vivre intensément, d’observer et interpréter.
À visionner, de la part d’Amal ;)
Bon week-end, à la semaine prochaine et dites-moi en commentaires de quoi voulez-vous que nous parlions. De l’écriture ou de la quinqua power ou d’un tout autre sujet ?
Je vous embrasse.
chère Nathalie dite Sheherazade pour les intimes de la toile cosmique ;-)
je ne t'ai pas rencontré en vrai non plus mais tu fais partie de ma vie au quotidien.
Sur les réseaux, ici et sur mes étagères de bibliothèque ...
la magie est partout même sur les réseaux si décriés, comme en tout, le poison c'est la dose et j'ajouterai l'usage.
Merci de tes mots et histoires chantants la vie et parfois le désenchantement de la vie,
porte toi bien et vite,
je t'embrasse, Amal dite Amal von Xanax pour les intimes de l'absurde ;-)
Chère Nathalie que je n'ai jamais rencontré en vrai, que je connais par Insta, ta NL et ... maintenant ton livre , voilà comment j'ai passé mon 14 juillet : en lisant Des Papillons sous oxygène :-), ( mon Kindle ne marche plus je n'ai pas encore téléchargé RDV à Héyo comme je croulais le faire). Tina et Adrien ont marché à côté de moi pendant que le feux d'artifice de Colombes faisaient des éclats. Et c'était délicieux.
La créativité ... je me dis parfois que dés qu'on prend un biais, on change une habitude, on force le regard à observer différemment et ailleurs ... on y est dans la créativité. RéInventer.
J'ai bcp chanté et joué la comédie, créer des spectacles, aujourd'hui j'aide les autres à être présent dans leur vie, leur créations, avec le yoga ou la voix. mes enfants ont choisis d'être musiciens ... ils m'émerveillent de leur créativité justement, de cette passion, de ce sang teinté de mélodie qui coulent en eux.
Il y a souvent le mythe de "l'artiste" qui plane, j'aurais aimé être peintre, avec un atelier toujours plein de tâches colorées, un vêtement à l'image de ma toile. je ne sais pas dessiner, mais ce fantasme de la création en ébullition recherche doute explosion permanents est bien là, avec cette pièce atelier en permanence prête à recevoir. Peut être comme le cahier ou l'ordinateur pour l'écrivain ... Un fantasme nourrit la vraie vie. La créativité c'est lever nos doutes et nous voir comme notre propre référent. Avoir un projet en créer un autre. Merci de ta NL. j'espère que la santé est OK. et à tt bientôt