Je ne crois pas être très douée en amitié. Je ne sais même pas à quoi on reconnait une véritable amitié. Celle avec un grand A. Je n’ai jamais été la Monica de Rachel ou la Christina de Meredith.
Bonjour,
Je suis Nathalie LONGEVIAL, romancière, éditrice externe et coach en écriture. Bienvenue dans ma newsletter : “From Baiona with love”.
Je n’ai jamais eu des tonnes d’amies, ni fait partie d’un clan qui écumait les bars et les soirées. Cela dit, j’aurais bien aimé une bande de potes avec qui fumer sur la plage (même s’il n’y avait pas de plage à proximité de chez moi et qu’aucune cigarette n’a jamais franchi mes lèvres), des amis avec qui partir en vacances (sur une plage pour le coup) ou mater des séries (même si Netflix n’existait pas).
Bien sûr, j’ai eu des amies, peut-être même des meilleures amies, mais je ne les gardais pas plus d’une année : l’une de nous deux s’essoufflait immanquablement. Or, il parait qu’il faut sept ans de “liaison” pour pouvoir se considérer comme amis et deux-cents heures d’activité avec une personne pour se considérer meilleurs amis. Dès l’enfance, j’avais un problème de timing : un an, ce n’était pas suffisant. Les ruptures ne se faisaient jamais dans la douleur, elles avaient lieu sans pleurs me semble-t-il, souvent pendant les vacances d’été. Le lien s’effilochait sans que la rupture soit réellement consommée. On continuait à se voir dans le bus du matin, on papotait, mais je n’étais plus sa meilleure amie, elle n’était plus la mienne et nous le savions parfaitement. Il y a eu Delphine, Françoise, Jolaine, Muriel, Stéphanie, Sandrine ou Babeth pour ne citer qu’elles. Comme tous les enfants, nous avons grandi, on s’est dispersées et les amies d’enfance se sont effacées au profit de nouvelles amitiés. Des amitiés adultes dont certaines durent encore.
Au delà des différences sociales qui se créent, j’ai plusieurs hypothèses pour expliquer la disparition des amies d’enfance de mon paysage :
1 : peut-être que si mes parents n’avaient pas divorcé et avaient continué à habiter la maison de mon enfance, cela n’aurait pas été pareil.
2 : peut-être que si j’étais restée dans la ville où je suis née, cela n’aurait pas été pareil.
3 : Il aurait fallu que les amies restent aussi dans cette ville… ça fait beaucoup trop d’hypothèses pour que ça fonctionne.
Je n’ai jamais considéré aucune de mes amies comme ma personne de confiance, celle à qui je pouvais tout dire ou celle dont je pouvais inscrire le nom dans la case “personne à contacter” sur les documents hospitaliers. En l’écrivant, je me rends compte que ça dure encore à l’âge adulte. Il y a toujours un truc qui me retient, une pudeur mal placée que je n’explique pas (oui, on peut être pudique et écrire des newsletters chaque semaine). À l’époque, j’imagine que mon statut d’enfant de divorcés (j’étais la seule de ma classe) y a été pour quelque chose : elles ne savaient pas quoi me dire et peut-être étais-je considérée comme une pestiférée. Se créait alors une micro fissure qui finissait toujours par se transformer en un ravin infranchissable et je n’ai jamais financé mon amitié en chewing-gum ou cigarettes.
Pour autant, j’envie les gens qui partent encore, des années après le bac, en vacances avec Mathieu, le pote de Terminale A2 (oui, j’ai passé un bac A2)(ça en dit long sur mon niveau en math), ceux qui se bidonnent toujours alors qu’ils se racontent la même anecdote depuis vingt ans, ceux qui connaissent le prénom des enfants de leurs meilleurs amis d’enfance et même leur âge, ceux qui se souviennent des dates d’anniversaire… non, ça je m’en souviens (15 octobre, 18 juin, 21 mai, 30 juillet, 10 avril, 22 juillet, 16 août, 2 avril …)
Samedi dernier, j’ai retrouvé Delphine. On s’est reconnues, malgré la nuit, la pluie, ma casquette et son parapluie. Après avoir sillonné la ville flanquée de nos amoureux, on s’est assises dans un café du centre-ville et on a repris la conversation comme si nous nous étions quittées la veille. C’était fluide. Sans jeu de séduction, ni concours à celle qui aurait mieux fait : notre discussion à bâtons rompus était détachée de toute obligation de performance. C’était reposant. On avait toutes les deux nos casseroles et nos valises, des rides autour des yeux et des cheveux blancs … enfin, surtout moi, parce qu’elle n’en avait pas un seul (comme quoi, avoir épousé un coiffeur ne résout pas tous les problèmes capillaires). Ayant toutes deux perdu des êtres chers, on s’est raconté les manques, et n’avons émis aucun jugement envers nos histoires d’amour romanesques, bien que très différentes.
Je crois pouvoir dire que si ces retrouvailles nous ont apporté une satisfaction mutuelle c’est parce qu’elles ne nous engageaient à rien. C’était une parenthèse, un samedi soir sur la terre. De 18h à 20h30 on a retricoté nos souvenirs, j’ai reconnu ses mains (c’est dingue, les mains ne changent pas), elle a cité des noms qui sont remontés à ma mémoire comme des bulles de savon, on a rigolé. On ne s’est pas promis de se rappeler. Peut-être se reverra-t-on ? J’aimerais y croire, mais la vie, la distance et les habitudes nous le permettront-elles ?
De temps en temps, on se souviendra de la pluie qui tombait ce soir-là (alors que j’avais prédit un grand soleil) (ma carrière de miss météo est au plus mal), du monde dans les bars un soir de match à Bayonne, de notre sourire quand on est entrés dans le bar des Halles (sans aucun supporter, ni aucun cri), du Perrier tranche et du coca, des verres de vin de nos amoureux qui ont trouvé un terrain de discussion (on ne dira jamais assez à quel point les conjoints peuvent être source d’éloignement entre les amies), les confidences à rattraper, les graminées qui flottaient dans l’air et le serveur qui nous a mis dehors.
On a repris le chemin de nos vies. Elle, vers l’Adour, moi vers la Nive. Il pleuvait toujours, mais un sourire était accroché à mes lèvres et je parie que sur les siennes, il y en avait un aussi.
Samedi soir, on s’est offert de l’affection et c’était doux.
Ce qu’en pensent les copines : Avez-vous déjà retrouvé un(e) ami(e) perdu de vue depuis 40 ans ?
Nathalie : Perdue de vue non mais 2 amies depuis 55 ans …
Claude : C'est super de retrouver des ami.es des années plus tard le hic c'est quand l'un des deux ne se souvient plus 😂
Carole : Oh oui . Perdue de vue depuis le lycee et l’internat. … et la conversation repart comme en 1980🙏
Marie Jo : Oui ! On s’était quittée la veille … trop fortes ces retrouvailles. Et une amie de plus de 50 ans qui ne répond pas aux appels assez à mon goût. J’aime les Newsletters … à demain 😂
Nathalie : Quant à l'ami d'enfance...j'en ai 2. Et il se trouve que j'ai retrouvé l'un d'eux en novembre en allant voir Valentine en suisse. On c'était retrouvé via FB il y a qq années mais revus....jamais et 44 ans après on s'est retrouvé comme si on ne s'était pas vu depuis 15 jours.il y a eu bcp d'émotions mais c'était tellement fluide qu'on en pleurait tout les deux en se prenant dans les bras. C'était magique.
Célia : Non mais j'ai cinq amies que je connais depuis 35 ans. On s'appelle les fdlb, les filles de la bande. On ne s'est jamais perdues de vue, et on se voit toujours régulièrement 💜
J’aime l’idée qu’on puisse se retrouver plus tard ❤️
J’ai des amis et de très bons amis . Mais je n’ai plus de “meilleure amie”. Parce que finalement chaque ami(e) m’a offert , chacun(e) a leur tour , parfois en même temps, des échanges enrichissants.
Je n’ai quasiment pas perdu de vue les amis que je souhaitais vraiment conserver, je m’arrange toujours pour renouer le contact , rendre visite avant qu’il ne soit trop ou fixer un rendez-vous avant qu’il ne soit trop tard. Et toujours cette magie de retrouver cette complicité qui nous a fait vibrer plusieurs années auparavant.