On ne peut pas dire que je change d’avis comme de chemise en matière de cheveux. Non, forte de mes multiples expériences en la matière, j’aurais plutôt tendance à attendre que l’envie de changement passe, ce qui se produit le plus souvent au cours de la troisième semaine où mes cheveux rentrent dans le rang.
Bonjour,
Je suis Nathalie LONGEVIAL, romancière, éditrice externe et coach en écriture. Bienvenue dans ma newsletter : “From Baiona with love”.
Sauf que cette fois-ci, ils ont voulu me faire passer un message. Après trois semaines, ça n’allait toujours pas. Au bout de cinq, je me suis aperçue que je les accrochais sans cesse. Au bout de six, je ne pouvais plus les voir en peinture, parce que figurez-vous que j’avais honte. Oui, vous avez bien lu. Les cheveux jusqu’aux reins à cinquante-cinq ans passés, qui plus est quand ils sont volumineux, gris et ondulés comme les miens, je trouvais que c’était too much. Jouer à Sissi Impératrice ne me convenait pas du tout. J’avais atteint le moment où j’avais envie d’une coupe plus moderne, plus structurée, plus rock&roll. Il fallait que je change un paramètre et si ce n’était pas la couleur, que je porte depuis dix ans avec un amour certain, ça serait la coupe. J’ai frénétiquement cherché un modèle : pas de carré (trop classique), pas trop courts (le combo gris + courts, pour l’instant, je n’y arrive pas) pas effilés non plus (fallait pas que ce soit trop galère au recoiffage). J’en étais là de mes pérégrinations capillaires quand la solution m’est apparue. Pour changer radicalement d’allure, il n’y avait qu’une chose à faire : adopter une frange.
Samedi matin, dans l’entrée de la maison, devant le grand miroir, et malgré un mal de dos persistant, mon coiffeur (qui est accessoirement mon époux), a oeuvré. Verdict : moins quinze centimètres dans le dos et une lourde frange. À table, mon fils m’a regardé longuement et m’a dit au bout d’un temps certain : “mais, t’as changé quoi ? T’es bizarre.” Ça commençait bien, cette histoire de frange ! Je me suis réconfortée comme je le pouvais, l’important c’est que ma frange, je l’adorais.
Surtout le premier jour. Parce que dès le lendemain elle a commencé à se barrer vers la gauche. Certes, ça faisait quinze ans que mes cheveux étaient allègrement balayés en une longue mèche, mais tout de même, ne pouvaient-ils comprendre ce qu’on leur demandait ? De rester droits sur le front par exemple ? De ne pas s’aplatir comme une crêpe sur la monture de mes lunettes ? (parce que oui, j’avais occulté ce problème de lunettes).
Lundi : j’ai commencé à franchement regretter. Ma frange semblait avoir vécu toute la nuit sous amphét’ : au réveil, elle était complètement éclatée. Devant ma Ricoré Latte, j’ai répété comme un mantra : Nathalie, souviens toi que ça fait des semaines que tu ne les lâchais plus et à quoi ça sert d’avoir les cheveux longs, si c’est pour les avoir accrochés sans arrêt ? Nathalie, souviens-toi que tu en avais marre de ne pas avoir de style, que tu voulais du rock&roll. Ça, du rock&roll, j’en avais : ma frange avait exaucé mon voeu au-delà de mes espérances. Sous la douche, alors que je fais habituellement très attention à ne pas mouiller ma tête, rapport au temps que je mets pour sécher mes cheveux, j’ai fait ma rebelle et je les ai relavé, puis séché et là, miracle, c’était reparti pour un tour : j’adorais à nouveau ma frange. Mais pas l’appli Face ID de mon téléphone, celle qui permet de le déverrouiller juste en scannant le visage, non, elle ne me reconnaissait plus.
Mardi - Ma frange, qui la nuit vit une vie complètement indépendante de la mienne, semblait avoir été torturée par une armée de Laminak* joueurs. Sans compter qu’il pleuvait. J’ai pensé : après tout, qu’ils fassent ce qu’ils veulent, de toute façon je vais rester à la maison. J’ai laissé la brosse et le séchoir à leur place et me suis installée à mon bureau. Cette frange devant mes yeux, c’était particulièrement gênant, ça me donnait mal à la tête. Je suis remontée dans la salle de bains. J’ai regardé les ciseaux de mon mari, mais comme je ne fouille pas dans ses poches, je n’utilise pas ses outils non plus. Et comme je sais aussi que c’est un métier de couper les cheveux, j’ai laissé tomber l’idée et j’ai attaché le tout comme je le faisais de ma longue mèche, une barrette crabe sur le sommet du crâne et le tour était joué.
Mercredi matin, mon mari-coiffeur ayant remarqué la barrette la veille au soir, a attrapé ses ciseaux et ni une ni deux il a recoupé quelques millimètres au-dessus de mes lunettes. Je lui ai fait promettre de ne couper que “quelques millimètres, hein ? Pas plus” en pensant que sinon, je ne pourrais plus les attacher en secret pour pouvoir travailler. Ensuite il a mis ses mains dans mes cheveux et a secoué dans tous les sens. Quand il le fait, ça a l’air très simple, le truc que n’importe qui pourrait faire, sauf que lui, il a de la magie dans les doigts : les cheveux prennent place, ils volètent et ondulent sans qu’une brosse ait besoin de s’inviter dans la danse. À midi, j’ai eu la flemme de faire à manger, j’ai commandé un tacos pour mon fils. Le rapport avec ma frange ? Le livreur Uber qui m’a dit “tiens vous avez changé de coupe (alors que mon propre fils avait mis une heure à s’en apercevoir), ça vous va bien ! Bon appétit Nathalie.” J’ai rougi. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce qu’il va croire que je mange des Tacos toute seule le mercredi midi ?
Jeudi - Je m’habitue à ma nouvelle tête. J’ai l’impression de me voir à quinze ans, de retrouver l’air boudeur que j’arborais sur les photos de mon adolescence. Je ne sais pas si je me reconnecte à la moi de cet âge-là, je crois qu’elle n’est jamais très loin, même quand je joue à Mamilie avec Romy, mais au moins, je ne vois plus ma grand-mère dans le miroir.
Aujourd’hui - J’apprivoise lentement ma frange. Elle a cessé de prendre des amphét’ et ne s’avachit pas sur mes lunettes. Je l’aime toujours, six jours après sa création. Je ne sais pas si elle va m’accompagner longtemps, mais elle fait le job, et c’est tout ce que je lui demandais.
Sur Instagram, Cécile, une amie autrice (je suis entourée d’autrices qui s’appellent Cécile) et psy de métier, m’a dit : “C’est toujours important les périodes de frange.” J’ignore ce que ça signifie, mais j’aime bien cette idée alors, je reste attentive.
Christiane, une amie qui pourrait être ma mère, m’a dit ce matin : Houla Nathalie, on dirait que vous avez trente ans !
Ma théorie au sujet de la frange ? La frange est une DeLoréan* déguisée.
Je vous embrasse,
Nathalie
Ce qu’en pensent les copines :
Valérie : Je viens de tout recouper court, ça me convient mieux.
Syla : J’ai réussi à dépasser mon obsession pour la frange et les cheveux longs 😃
Nine : 😂 Ma frange est réapparue la semaine dernière, pour dissimuler mon manque de cheveux !!
Gaëlle : On est synchro 😅 Je vais chez le coiffeur demain et, vu le carnage de la dernière fois, je ne suis pas sereine 🤣
Cécilia : Point de vue capillaire je suis en mode “lâcher prise” je regrette la frange que j’ai faite l’an dernier, je repousse le moment d’aller chez le coiffeur parce que je n’aime pas ça (désolée 😊), c’est trop long, je tresse, je bricole, je n’ai pas envie de m’en préoccuper !
Marie Aurore : Il y a un mois maintenant que j'ai adopté ma frange. Depuis longtemps j'en mourais d'envie sans oser passer le cap parce que mon nez... Bref, je suis passée à l'acte n'écoutant que mon envie et sans me préoccuper de ce qu’ "on" en penserait. Une véritable révolution🤩💃. PS : je l'ai recoupée hier toute seule... 🤣🤩
Lucile : Je n’ai jamais osé la frange, je suis à peu près sûre que le résultat serait bien plus comique que flatteur 🫣
Sonia : La frange pour moi c'est fini trop d'entretien j'ai décidé de laisser mes cheveux vivre leur vie résultat des mèches grises....
Nathalie : J'ai opté pour le tout court...ce qui me permet d'assumer ma couleur naturelle blanc grisonnante. A la réaction des enfants ...j'ai plutôt bien fait 😊. Mais je suis interloquée par la réaction des quelques hommes de mon entourage qui ne comprennent pas que je coupe mes cheveux si courts ! Ça doit aussi qq part mon côté androgyne qui doit ressortir 😂😂
Isabelle : J'aime bien changer de coupe. J'ai adopté en décembre un carré court : coiffé/décoiffé: j'ai gagné quelques années paraît il! Ça tombe bien, la cinquantaine arrive doucement.... Et puis quel gain de temps le matin! Ça durera jusqu'à ce que me'prenne l'envie de changer de nouveau😊. Je garde pr contre les mèches blondes. J'aurai bien refait un joli auburn mais trop galère avec les cheveux blancs qui colonisent ma tête désormais ( et oui, la cinquantaine, encore elle...)
Corinne : J’aime les franges , ça cache les rides du front ! Cheveux courts et petite frange depuis plus de 30 ans pour moi
Anne-Laure : Cette coiffure décuple la visibilité de ta personnalité ! Ici, c'est 20cm de coupés en janvier pour les donner à une association qui les utilise ou les revend pour financer des perruques pour des gens qui vivent avec un cancer. A défaut d'être éligible pour donner sang, plasma ou moelle osseuse, ouf, mes cheveux sont considérés comme sains. Pas fan de la nouvelle longueur, j'hésite entre laisser de nouveau pousser comme j'aime ou couper court au carré. (Mais la frange sur cheveux frisés, j'ai du mal à l'envisage. Déjà testée pas approuvée, même si la mode a changé !)
Marie-Jo : Cheveux malades ! Une catastrophe (choc psycho) très difficile à gérer. Mais pas de frange 😂
*Laminak : terme basque désignant les êtres fantastiques de la mythologie basque, des esprits de la nature volontiers farceurs.
*DeLorean vous avez la réf ? La DeLorean est une machine à voyager dans le temps, sous la forme d'une automobile, popularisée par la trilogie cinématographique Retour vers le futur.
Je suis présentement chez ma coiffeuse. Tu me donnes envie d’une frange. J’ai quelques minutes pour me décider, et voir si elle a le temps !
J’espère que tu aimes toujours ta frange parce qu’elle te va très bien 😘