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Chères lectrices et cher lecteur
Dernièrement, une journaliste qui réalisait un sujet sur Rendez-vous à Héyo m’a demandé de lui envoyer une photo pour illustrer son article.
De moi, bien entendu et pas du ciel ou de la mer. De moi, mais pas en maillot de bains sur la plage de Begur, pas avec un verre de Sangria à la main. Moi, mais pas en train de souffler mes 55 bougies les cheveux dégoulinants dans le dos, ni en train de prendre en photo ma tenue pour voir si elle convient, ou de me déhancher sur Mama Mia. Devant mon mutisme elle a ajouté : “Si vous n’en avez pas, je me débrouillerai”.
Elle s’est débrouillée.
On m’en a redemandé pour des salons littéraires qui auront lieu à l’automne et je ne pouvais plus surseoir aux demandes répétées. Imaginez que Télérama m’en demande une pour illustrer mon passage à la Grande Librairie : il me fallait une nouvelle photo. Jusque là j’utilisais des photos sans lunettes de vue, c’est-à-dire vieilles de trois ou quatre ans. Il était temps d’en avoir de nouvelles.
Or, j’ai un vrai problème avec les photos. En général, je ne m’aime que quand je fais la grimace ou que je souris genre Julia Roberts, mais sans le même résultat. En général, quand on m’envoie une photo, je ne l’aime que six mois après, voire un an. “Ah, oui, j’étais jolie”, je pense alors. En général, il n’y a que les selfies qui trouvent grâce à mes yeux, ceux où je grimace ayant bien entendu ma préférence. Eh puis, ce qu’il y a de bien avec eux c’est que je me moque bien d’en prendre cinquante pour n’en garder qu’une, un détachement que je ne parviens pas à avoir avec un photographe. Poser, changer d’attitude ou de position, attendre, non c’est quelque chose que je n’aime pas.
Pour cette newsletter, j’ai cherché à creuser le sujet parce que je ne pense pas être la seule à avoir cette difficulté à accepter le regard de quelqu’un d’autre sur moi. Pas vrai ?
La photo questionne l’image que l’on a de soi.
Elle répond à une véritable problématique narcissique et à différentes questions telles que : "Qu'est-ce-que je renvoie comme image ?" "à quoi je ressemble ?" ou “comment me voient les gens ?” L'image fixée sur papier diffère de celle que nous renvoie le miroir. D’abord parce qu’il s’agit d’une image fixe en deux D, ensuite parce que dans le miroir, elle est inversée.
Cette hostilité à l'égard de l'objectif traduit aussi une crainte de ne pas maîtriser mon image. Je connais mon miroir, la lumière et tout ce qu’il y a autour : je peux en jouer. Dans la photo de portrait, il faut être deux et c’est justement ce deuxième regard qui est difficile à apprivoiser. Le photographe saura-t-il trouver ce que j’ai envie de montrer de moi ? Portera-t-il un regard doux ou acéré ? Y mettra-t-elle de l’amour, de la tendresse, de la bienveillance, une forme de discrétion ? S’effacera-t-il ou, comme Nikos Aliagas, se mettra-t-il en scène dans le reflet de mes pupilles ?
J’ai l’impression que lorsqu’on est pris en photo, on ne contrôle plus rien. On devient ce que le regard de l'autre saisit de nous. Il faut à ce moment-là être capable de se laisser aller et de s'abandonner au photographe, ce qui, je dois bien l’avouer, est assez compliqué en ce qui me concerne. Il y a dans cet abandon, la peur d’être jugée (elle a du ventre quand même), dépréciée (elle a pris cher, t’as vu sa tête) et rejetée (tellement). Dans 99% des cas, je me trouve - au choix, rayez la mention inutile - laide, grosse ou ridicule et le simple fait d’observer un de ces clichés me plonge dans un sentiment de malaise que seule la suppression de la-dite photo parvient à atténuer, parce que cette photo, ce n’est pas moi en tout cas, c’est une version de moi que je n’aime pas. L’illusion que je voudrais créer, avec mon sourire figé, mes cheveux mal coiffés ou mon ventre qui ressort, tombe à plat.
Il n’est pas toujours simple d’accepter de se regarder et de voir à quoi on ressemble vraiment. Par contre, se voir et accepter de se voir est une pratique intéressante, une façon de grandir peut-être.
Un autre gros problème avec les photos, c’est ma crainte de blesser la photographe, surtout quand la photographe, c’est Ariane, ma fille et je crois l’avoir dégoûtée de cette pratique en de nombreuses occasions . Je crois qu’il faut “de la bouteille” pour faire de beaux portraits. Avoir dépassé ses propres questionnements pour entrer en résonance avec ceux du modèle. Il faut pouvoir saisir son âme, entrer dans son intimité, savoir écouter ce qu’il a à dire et envie de le montrer. C’est ce que j’ai trouvé dans les dernières photos d’Ariane Longevial que j’adore.
Un rapport à mon image plus apaisé ou une image enfin alignée avec qui je suis.
Ce qu’en pensent les copines
Nathalie : Non idem...les photos je les hais...mais vraiment, surtout depuis une dizaine d'années. A quelques exceptions près. Je n'aime pas mon profil, je n'aime pas me voir..bref je ne m'aime pas. Quand je suis avec les enfants et que malgré tout on se fait quelques souvenirs...à chaque fois je leur dis "ne me dites pas que vous prenez des photos" parce que si le sais …c'est pire. Pourtant je prends plaisir à revoir de vieilles photos, même de moi. Je sais que malgré l'âge, je reste très "acceptable" mais il y a autre chose...et.en t'écrivant je m'aperçois que cette autre chose c'est que je ne veux garder que très peu de souvenirs de cette époque ci...on verra quand la page se sera tournée.
Claude : Je n'aime pas non plus mais comme on en fait rarement de moi je me dis que les autres ont le même regard que moi sur ma personne
Christelle : J’aime les photos, j’en ai tout un mur dans mon bureau mais très peu de moi, je ne sais pas poser, je m’aime rarement en photo
Alma : Je me déteste en photo et évidement 10 ans plus tard si elle a survécu ( la photo) je me dis : j’étais pas mal Meurd et je le savais pas… bref névrosée de ma pomme 😂🤦♀️🤪
Nathalie : J’aime en faire , j’aime en voir mais des autres !!😅😉
Marie : Tout comme toi… il me faut quelques mois, voire quelques années de distance pour réellement apprécier une photo où j’apparais. Avec le temps ce qui me déplaisait alors semble n’avoir plus aucune importance… au contraire, il se révèle toujours positif.
Alors quoi ? Être …. ou avoir été…? !!!😰
Christelle : Je me déteste en photos, et avec les conséquences de la cinquantaine sur ma silhouette, c'est de pire en pire. J'en pleurerai ! Donc, plus jamais de portrait, seule, je refuse qu'on me prenne en photo. Ma seule exception : une photo avec mes enfants, en famille... parce que j'ai lu un jour quelque part : "que vous vous aimiez en photo ou pas, que vous soyez apprêtée ou pas, laissez vous prendre en photos, surtout pour vos enfants, plus tard, elles seront précieuses à leurs yeux quand vous ne serez plus là ". J'ai pensé à ce que je ressentais en regardant des photos de ma mère, de mes chers disparus... alors, avec mes enfants, je laisse faire (mais je verifie quand même 😂, il ne faut pas exagérer 😂)
Marie-Anne : les photos personnelles, ça dépend..
si je m’y retrouve ou pas.
Célia : Pareil, je DETESTE être prise en photo!! Et pareil, je me trouve jolie seulement des années après. L'autre jour, j'ai trié ses photos d'adolescence (une période où je me trouvais très moche) et là tout à coup je me trouvais jolie! Mais instagram et les selfies m'aident à me réconcilier avec mon image...
Cécilia : J’essaie de porter un regard bienveillant sur mon image en temps réel et non plus avec 10 ans de décalage 😊 ça me fait gagner en sérénité. Le fait de d’avoir vendu de la lingerie en boutique pendant quelques années m’a beaucoup aidé, je n’ai jamais trouvé une femme « pas belle » dans les cabines d’essayage, j’essayais de leur partager mon regard bienveillant et à m’en donné je me suis dit mais HO ma cocotte qu’est-ce qui t’empêche de porter sur toi même ce regard bienveillant et oui hein ?!? Dis-donc !
Cathy : Je supporte très mal d être prise en photo, je déteste le résultat en général ! A quelques très rares exceptions près.
Aurélie : J’aime bien qu’on me prenne en photo, je ne les aime pas toutes, mais j’adore retomber dessus et je trouve toujours quelque chose de bon. Tout n’est pas à jeter.
Léa : J’adore les photos, surtout celles que je prends parce que je ne suis pas dessus.
Belle semaine, je vous embrasse.
Nathalie
Ce n'est pas toi qui ma dégoutée du portrait c'est qu'un jour on ma dit "qu'un beau portrait, c'est parce que tu aime la personnes" mais je ne suis pas d'accord, et ça m'a angoissée par la suite, comme si je n'aimais pas assez les gens pour qu'ils ne s'apprécie pas sur les images.
C'est surtout un bon instant pour les deux partis, MERCI de m'avoir fait a nouveau aimé le portrait <3
Quel beau sujet de réflexion !
Quand j'avais une vingtaine d'années, j'ai eu une période "photos anonymes" : des vues de lieux ou d'objets sans jamais un visage. Résultat : je regrette aujourd'hui de ne pas voir toutes les personnes que j'ai croisées à cette époque, ne pas voir comment j'étais à cette époque 🙃🥴.
Maintenant j'aime les photos, les prendre et être dessus ! Et je crois que je suis bien moins intransigeante aujourd'hui, ceci expliquant peut être cela !