Chère lectrice, cher lecteur,
Je ne vais pas vous mentir, cette lettre n’a pas été écrite aujourd’hui. Je n’en aurais pas été capable. Trop de stress. Trop de crainte et le souffle haché. Des nuits trop courtes depuis trop de temps. Cette semaine, je pensais botter en touche. Zapper la newsletter. Invoquer le début des vacances. La flemme, peut-être.
Bonjour,
Je suis Nathalie LONGEVIAL, romancière, éditrice externe et coach en écriture. Bienvenue dans ma newsletter : “From Baiona with love”. Nous accueillons aujourd’hui parmi les abonnés à la newsletter : Nathalie, Karen et Segueni.
Ici, je n’aborde que très peu ce qui peut s’apparenter au chaos. Au vrai chaos, je veux dire, pas celui qui nous fait trébucher, nous cogner à l’angle d’un meuble ou perdre nos clés pour la millième fois de la semaine. Non, je parle de celui qui fait vaciller les fondamentaux. Qui ébranle. Qui fait demeurer les yeux ouverts à scruter les lumières mouvantes au plafond toute la nuit. Qui fait tambouriner le coeur contre les tempes. Celui qui fait perdre l’équilibre.
On a tous nos hauts et nos bas, inutile que je vous raconte les miens.
En revanche, à cette occasion, j’ai redécouvert les petites choses qui m’aident à avancer. À sourire encore, par exemple. Je vous ai déjà parlé de mes tips feel good, et dans ces moments d’accélération intense, la lenteur est une alliée parfaite. Elle me permet de prendre du recul, d’arrêter de tourner en rond comme un hamster dans sa roue. Quand j’étais petite, chez ma mère, la reproduction d’un tableau de Yves Tanguy intitulé “Jour de lenteur”, était accroché au mur (il y est toujours). Je restais de longues minutes à le contempler et aujourd’hui encore, quand ça va trop vite, j’essaie de le visualiser.
Alors, comment je fais pour ralentir ?
Je me suis remise à la méditation que j’avais arrêtée depuis un temps certain. Je vous vois venir : la méditation ? Quelle horreur ! Rester immobile pendant une heure, les yeux fermés, sans penser à rien. Comment faire alors que notre cerveau ne fait que ça à longueur de jour et de nuit : construire de la pensée.
Je ne suis pas une championne toute catégorie en la matière. Je n’ai jamais appris avec quelqu’un qui savait comment faire. Je ne suis pas une théoricienne non plus, n’ai pas lu quantité de livres avant de me lancer. Je me suis juste fait confiance et j’ai adapté la méditation à mon besoin, certainement que si Elisabeth et Eleonore me voyaient faire, elles en riraient. Ma pratique n’a rien à voir avec ce que fait Julia Roberts dans Mange, prie, aime et ce, pour plusieurs raisons. La première : je suis incapable de positionner mes pieds comme elle. Je reste en tailleur simple. La deuxième raison c’est que je le fais dans mon grenier et pas dans une végétation luxuriante. La troisième raison c’est le temps que j’accorde à la méditation : pas plus de quelques minutes, la plupart du temps douze, même si chaque fois, j’essaie de faire un peu plus que la fois précédente.
D’abord, je fais attention à relâcher les endroits que je crispe. Je les connais bien, ce sont toujours les mêmes : les sourcils, les mâchoires et les épaules. Ensuite, c’est bien connu, il faut respirer calmement, ce qui donne, en ce qui me concerne, 6 respirations en une minute. Les trois premières minutes de cette respiration correspondent à peu près au seul moment où je ne pense à rien (enfin, à rien, à rien d’autre qu’à compter mes respirations). Après, c’est foutu, alors je laisse mes pensées caracoler en moi. Elles se succèdent, chahutent les unes avec les autres, et je les laisse faire, comme si je regardais des enfants chamailleurs.
Parce que le plus important pour moi dans la méditation, c’est l’immobilité. Je ressors de là remplie d’un calme étonnant, comme si deux nuages étaient greffés à mes semelles.
Dans l’esprit d’une économie de gestes, je cuisine. Ça peut vous paraître antinomique et pourtant. En cuisine, les gestes sont précis, mesurés, calculés. Je me dissous en coupant en julienne, en remuant sans m’arrêter, en montant une mayonnaise. En cuisine, le temps est compté et ce timing précis, en plus de me rassurer, m’oblige à la concentration. Une autre forme de méditation.
En l’écrivant, je m’aperçois que m’éloigner des réseaux sociaux est peut-être aussi une façon de récupérer la lenteur dont j’ai besoin quand tout accélère autour de moi. Je me détourne de cet égo étonnant qui pousse à en dire toujours plus (et en ce moment, je ne veux pas trop en dire) (justement) (parce que si je suis dans la tourmente, je ne suis pas la plus touchée et il ne faudrait pas que ce soit moi qu’on réconforte.)
Je chante, mais, alors que le reste du temps je chante des chansons qui existent, quand ça tangue, je chante une espèce de mélopée très lente de mon cru (sûr que ça ferait un tube !) dont je suis incapable de me souvenir le lendemain.
Et, je marche. Le nez au vent. Les cheveux sous la pluie. Je marche tous les jours. Oh ! je ne parcours pas vingt kilomètres, seulement trois ou quatre, mais là encore, lentement. Je ne fais la course avec personne.
Finalement, je crois que quand ça vacille, j’ai besoin de lenteur. Elle est consolatrice.
Prenez soin de vous, je vous embrasse
Nathalie
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Ce qu’en pensent les copines :
Ariane : Je ralentis, et je me met à regarder tout mes films préférés pour y trouver du réconfort
Amal : Je fais comme “Jean-Pierre” : j’appelle un ami
Céline : Moi je lis ou je pleure et je me replonge dans les photos qui font du bien 😍pleine de souvenirs
Cathy : Je me renferme dans ma grotte et j'attends que ça passe...Parfois, ça met longtemps ! ;)
Célia : Pareil !!
Sonia : Ou l'inverse j'accélère pour oublier le tangage... Ce n'est absolument pas productif malheureusement
Cécile : Je pleure ! Et ça fait toujours du bien, comme un vase trop plein qu’on vide un peu.
So : Je crois que je me mets à courir. Toujours plus vite . Droit devant ou en zig zag. Jusqu’à l’epuisement. Je sais que c’est nul et dangereux. Mais il n’y a rien à faire .
❤️
Moi je deviens boulimique : de geste , de bouffe , de contenus culturels, de rangement, d’activités , de téléfilms, de sports, de moyens de me détendre , de travail , de scroll sur mon téléphone, de lecture. Mes journées deviennent trop courtes quand c’est le chaos et je rajoute du désordre au chaos en me couchant trop tard.