Bonjour, je suis Nathalie LONGEVIAL, romancière, éditrice externe et coach en écriture. Bienvenue dans ma newsletter : “From Baiona with love”.
Et parfois, ici, je raconte des histoires.
Cette Love affair a commencé dans le garage d’un pavillon, dans un quartier chic d’une banlieue du sud-ouest. Le garage avait été repeint en blanc et vidé de ses encombrants. Une sono avait été montée et deux ou trois projecteurs judicieusement placés. Il y avait du coca à volonté et du soda aussi, mais aucune bière ni aucun alcool : à l’époque, ça rigolait pas avec l’ivresse. Surtout avec son père. À l’étage, sa soeur préparait des crêpes qui embaumaient la maison.
Elle s’y était pris à l’arrache, à peine quelques semaines avant la date fatidique. Il avait suffi d’un rendez-vous chez le coiffeur et d’un catalogue de coupes posé sur ses genoux. Elle avait invité tout ce qui se faisait de gens importants. De jolies blondes platines à la plastique parfaite vêtues de noir, des brunes qui ne se laissaient pas marcher sur les pieds, et sa meilleure amie du moment (Stéphanie ou Muriel ?) ainsi que toutes celles qui l’avait précédée. Il y avait aussi les copines d’enfance, celles croisées à l’école ou au collège, celles dont on croit qu’elles ne disparaîtront jamais du paysage. Et bien sûr, il y avait des garçons dont les super copains qui étaient allés inviter ceux qu’elle n’aurait jamais osé aborder seule. Le coiffeur par exemple.
Ce jour-là, elle avait revêtu un pull rouge, avec un noeud positionné au bout du décolleté dans le dos, un jean, celui où sa mère, sous son insistance, avait cousu deux formes de mains sur les fesses, et des baskets. L’après-midi avançait, les garçons se sont succédés au rythme des slows et des danses qui faisaient se trémousser les corps. Et puis, heureusement il a fini par arriver. Après tout le monde. Après sa journée de travail, au moment où les autres commençaient à repartir. On aurait pu penser que le timing n’était pas le plus judicieux, mais ainsi, avait-il pensé, il serait le dernier.
Il s’est assis en haut des marches de l’escalier extérieur que personne n’empruntait jamais. Il tirait nonchalamment sur sa cigarette, comme s’il s’était entraîné des heures à le faire pour obtenir le détachement parfait. Il portait son blouson tout droit venu des States (veuillez noter s’il vous plait l’importance de l’information, dans un monde où les livreurs Amazon n’existaient pas encore). Ce blouson empestait l’odeur d’essence de sa Suzuki 50 ER. Elle, elle est sortie du garage, l’a vu perché là haut et, en guise de bonjour, tu vas bien, contente que tu aies pu venir, elle lui a seulement dit “qu’est-ce que tu fous là-haut ?”
L’histoire ne raconte pas ce qu’il s’est passé quand il est descendu, ni ce qu’ils se sont dit, pas plus que le nombre de sourires timides qu’ils se sont échangés avant de comprendre que, peut-être, ils pourraient faire un bout de chemin ensemble. C’était après que le garçon de la sono leur ai dit “bon, beh, moi j’y vais” et avant que Frédéric klaxonne, devant le garage, pour les prévenir du retour de sa mère.
La plupart du temps, il a oublié la Saint Valentin. Elle n’en avait que faire. Ils préféraient aller au restaurant le trente-et-un janvier ou le vingt-cinq février, laissant ainsi leur place à ceux pour qui cette date revêtait beaucoup d’espoir. Le leur, il était ailleurs. Elle rêvait de noircir des pages, lui voulait sans cesse changer de paysage. “À s’aimer toujours d’avantage, ils ont trouvé naturel, elle l’odeur des salons de coiffure et lui, de mettre les assiettes au lave vaisselle.”*
Aujourd’hui quand on les regarde on ne voit que la surface lisse d’un lac ou peut-être un peu de scotch double face, pourtant, de temps en temps elle a dit que ça ne pouvait plus durer, de temps en temps il est parti en claquant la porte.
Dans deux petits mois ils fêteront leurs quarante ans ensemble. C’est bizarre quand même, il lui semble que c’était hier qu’avait lieu la boum dans le garage des parents.
Je vous embrasse, bonne semaine
*Librement inspiré de Comme eux de Francis Cabrel.
Ceux que les copines en pensent :
Cécilia : Dans la cuisine de mes parents 😁 ! Il était alors le fils d’un ami de mon père pris dans un divorce compliqué qui venait chercher du réconfort chez nous, son fils a également trouvé du réconfort 🤩
Céline : Dans un café billard 🎱 ! Il était le pote d’un pote… plus de 20 ans après, on ne parle au-dit pote mais on est toujours amoureux ❤
Gaëlle : A l’anniversaire de celui qui allait devenir mon beau-frère. Dire que j’ai failli ne pas y aller 😅
Virginie : Pendant nos études, dans le hall de l’école. Et puis, on était voisins !
Caroline : Très banalement au boulot
Elisabeth : A 16 ans à sainte maxime , il était en vacances et moi je vivais là. Le Parisien m’a fait tourner la tête 😉
Virginie : Au travail aussi 🤣 un regard, des gouttes dans les yeux, deux enfants de moins d'un mètre, un jean moulant et une soirée mc do... Les mots clés d'une histoire qui durent depuis 17 ans 😍
Victoria : Au bureau...pas original mais une très belle histoire.
Marie-Aline : Au fond de l’eau! En combinaison de plongée avec mon embout et mon masque qui me donnait un look de mérou!
❤️
Au mariage d'une amie. Il ne connaissait que le marié et avait décidé de partir après le vin d'honneur. On ne s'est quasiment plus quitté. C'était il y a bientôt 32 ans...