Bonjour et bienvenue dans ma newsletter : “From Baiona with love”.
Si vous la recevez aujourd’hui, c’est que vous vous y êtes abonnées via mon compte Instagram ou par mail. Merci d’ailleurs à toutes les nouvelles lectrices qui se sont inscrites cette semaine ! Vous pouvez à tout moment, choisir de vous désinscrire en cliquant sur le lien en bas de la newsletter.
Chères lectrices, chers lecteurs,
Cette semaine, le sujet de ma newsletter est politiquement incorrect : parler d’argent, ça ne se fait pas. Il parait que c’est indécent. Quand on veut le faire, les gens sont gênés. Les français ne disent pas combien ils gagnent, ils ne disent pas le prix de leur maison ou de leur appartement, ni combien leur a coûté la magnifique paire de boucles d’oreilles que madame porte avec joie, alors que les américains font tout l’inverse. J’ignore d’où nous vient cette culpabilité vis-à-vis de l’argent. Est-ce parce que l’Église a fait de l’avarice l’un des sept péchés capitaux ou parce que nous sommes les héritiers d’un peuple de paysans qui ne disaient pas combien ils gagnaient pour ne pas susciter l’envie ?
Quand j’ai commencé à écrire, mon porte monnaie a quitté sa zone de confort.
-Tu vas faire quoi ? m’a demandé mon mari.
-Écrire et me faire éditer, ai-je répondu.
Il a plissé les yeux et n’a pas émis le moindre doute.
Pour la première fois, ce que j’allais vendre viendrait entièrement de moi et je vous le dis : il est beaucoup plus facile de défendre le travail de quelqu’un d’autre que le sien. Il me semblait que vendre mes livres, c’était me vendre moi-même, et je craignais qu’on me trouve profondément autocentrée, qu’on soit lassé de ma démarche, qu’on se dise que j’exagérais à ainsi insister. Pourtant, les romanciers sont comme toutes les autres personnes, comme les vendeurs de lessive ou de téléphone, comme les directeurs de supermarchés ou les fabricants de vêtements : ils ont besoin de manger et ne se nourrissent pas de phrases et de mots, même s’ils sont les derniers maillons de la chaîne à être payés.
Il y a six ans, j’étais convaincue de ne pas être une bonne commerciale. Je ne savais pas me vendre, j’avais peur que le “crâneuse”, que je redoutais à l’école ou au collège, revienne comme un boomerang. Pourtant, cette fois-ci, quelque chose s’était modifié, ça allait le faire. J’étais sûre de mes choix et de mon “talent”. Je voulais devenir écrivaine alors je n’avais qu’une solution : m’accrocher !
J’ai commencé par l’autoédition. Le prix d’un livre y est équivalent à celui d’un café en terrasse. Ce fut difficile. Je me suis nourrie de mots et de feuilles volantes, puis un de mes romans a été retenu dans une maison d’édition. Cette fois-ci, ce n’était pas moi qui étais chargée du volet commercial de l’histoire, et j’ai pensé que j’avais trouvé le Graal, le truc ultime : eux, ils sauraient faire. Ils avaient choisi la couv, le nombre de pages et fixé le prix, pourtant, j’ai continué à me nourrir de mots et de phrases, de virgules et de points. Un auteur publié dans une maison d’édition traditionnelle touche entre 6 % et 14 % du prix de vente d’un exemplaire (8% en ce qui me concerne ce qui donne 1,19€). En sachant que, dans le meilleur des cas, il a déjà touché 1 000 ou 2 000 euros d’à-valoir (2500 dans mon cas sur deux ans soit 1250 la première année et 1250 la deuxième), il ne gagnera guère plus que cette somme. On parle bien sûr de la grande majorité des auteurs, les inconnus ou les primo romanciers et pas de ceux que vous retrouvez en tête de gondole de votre supermarché, à date fixe, chaque année et dont vous achetez un livre, sans même y penser.
Quand, pour Rendez-vous à Héyo, il a fallu que je retourne à l’autoédition, j’ai eu des sueurs froides. Comment arriverai-je un jour à gagner ma vie de mes livres ? Et quand ? Quand les poules auront des dents ? Il est habituel de considérer qu’un livre auto-édité doit être moins cher que celui issu d’une maison d’édition. En AE, on a aussi moins de visibilité, alors ? Comment faire ? J’ai décidé de fixer le même prix que pour Des papillons sous oxygène 14,90€ et en ce qui concerne le prix du format numérique, j’ai regardé la moyenne des autres et choisi celui qui me semblait correspondre à la valeur de mon livre.
Dans ma vie d’avant, j’étais cheffe d’entreprise (je ne le suis plus qu’à temps partiel aujourd’hui) et je dirigeais une équipe de 130 personnes. Mon rôle : leur donner envie d’avoir envie (oui, je sais, c’est de quelqu’un d’autre mais c’était tout à fait ça). J’avais l’habitude de leur dire de ne pas se mettre dans le porte monnaie de leur cliente. Certaines peuvent mettre des sommes extravagantes dans le dernier Iphone, dans un sac de marque ou une manucure mensuelle, parce que l’acte d’achat correspond à une envie, une impulsion. Acheter est une décision émotive. On veut se distinguer des autres ou appartenir à un clan, on veut se sentir bien, ressentir un sentiment de liberté, avoir des frissons, pouvoir être la personne que l’on souhaite être, réussir et maîtriser sa vie, être considéré ou se sentir en sécurité.
Dans ma démarche d’auto édition, j’ai beaucoup joué avec les prix d’appel : 0,90€ pour les précommandes par exemple et j’ai démarché des blogueuses qui avaient envie de travailler avec moi pour donner de la visibilité à mes romans, mais je n’ai jamais rien monnayé (rappelez-vous, il ne me reste qu’ 1,19€ sur la vente d’un livre). Une autre façon est de partager des textes gratuitement pour faire entrer les lecteurs dans mon univers, traiter des sujets qui me parlent et peut-être, un jour les transformer en romans. Bref, être généreuse.
Mais, j’ai beau faire des progrès, mon problème reste encore aujourd'hui le fait de confondre le prix de mon livre et la valeur que je lui/m'accorde.
Et vous, quel est votre rapport à l’argent ?
Rendez-vous à Héyo est en vente au prix de 14,90€ dans vos librairies, sur commande uniquement et sur toutes les plateformes ^-^
Cette lettre a été nourrie par mes échanges avec Amal, joaillière parisienne de talent dont j’ai une bague en labradorite que je ne quitte plus. Sa newsletter du jour traite aussi de l'argent, je la remercie chaleureusement de cet exercice stimulant et nos discussions endiablées. Vous avez envie de lire son point de vue ? C’est ici
Ce qu’en pensent les copines
Force est de constater que les copines sont restées bien silencieuses cette semaine, alors, j’ai demandé des réponses en off, et voilà !
Copine 1 : J’ai pour habitude de dire « j’aime pas l’argent ! » mais peut-être que si j’en avais, je l’aimerais 😅. C’est surtout que l’argent m’angoisse terriblement… chaque euro dépense est pensé et budgété… pas vraiment de place pour des extras… et quand imprévu il y a, il s’accompagne soit de culpabilité soit de stress…
Copine 2 : Difficile …
Copine 3 : Je suis dans une démarche de consommation raisonnée, entre baisse des revenus du foyer et prise de conscience que 30 jeans et 60 paires de chaussures (toutes saisons confondues 😏) ça n’a pas de sens, je suis fan depuis toujours de la chanson de Souchon « les foules sentimentales » ayant accumulé pendant des années, cela fait maintenant presque 2 ans que je ne consomme plus que très peu et le plus souvent en seconde main, j’ai un stock conséquent, je peux tenir les 10 prochaines années sans consommer, et vu qu’être « tendance » est bien le cadet de mes soucis…. guess what ?! je me sens libérée, je veux désormais ÊTRE et non plus AVOIR.
Copine 4 : J’ai l'impression de ne jamais avoir d'argent, mais je n'en manque jamais, même quand j'étais en surendettement. Pour moi, cela reste un mystère 🤨
Copine 5 : Compliqué…
Copine 6 : Pragmatique
Copine 7 : Je suis prudente et je fais attention pour bien le gérer. Mais je peux me faire plaisir surtout en vacances.
Copine 8 : Rapport tordu
Copine 9 : Ça m’angoisse d’en manquer … on vit plutôt pas mal avec mon mari mais l’angoisse reste ;)
Copine 10 : Pfff
Et Amal pense comme Séguéla que si on n’a pas de Rolex à 50 ans, on a raté sa vie ;)
Bonne fin de semaine !
Des bisous, Nathalie
Je n'ai aucun problème à parler d'argent, peut-être également que c'est lié au fait que dans ma famille on parle beaucoup beaucoup d'argent; et que cela devient même presque une fin en soi. Ce qui expliquerait donc que l'argent, je le fuis. C'est assez idiot, mais vrai.
J’ai un rapport assez décomplexé: quand j’en ai, je me fais plaisir, si je vois que ça descend trop, j arrête d’acheter et j’ai la chance qu’a ce moment-là mes envies s’arrêtent. Pour l’instant je gagne bien ma vie donc j en profite en me disant que à la retraite, peut-être dans 10 ans, j’aurai bcp moins et je m’adapterai.