Relire ou ne pas relire nos livres chouchou ?

Quelle question !

Chers lecteurs,

Qui n’a jamais ressenti l’envie de retrouver un livre de sa jeunesse ? Peut-être celui qui nous faisait rêver, sourire, ou même nous réconfortait dans les moments difficiles. Mais une fois le livre rouvert, se cache une question : l'impact de cette relecture sera-t-il aussi fort qu’à l’époque ? Relire nos vieux livres, est-ce une source de bonheur ou une illusion ?

C’est ce que nous allons explorer dans cette newsletter !

Bonjour,

Je suis Nathalie LONGEVIAL, romancière, éditrice externe et coach en écriture. Bienvenue dans ma newsletter : “Vous avez du courrier from Baiona with love”. Nous accueillons aujourd’hui parmi les abonnés à la newsletter : Clara, Alexia, Dale et Benoit.

Mercredi soir, j’échangeais avec Céline qui relisait le tome 1 d’Harry Potter. Elle posait cette question : faut-il relire les romans que l’on a adoré plus jeune ? Moi qui cherchais un sujet à aborder avec vous, j’ai pensé que celui-ci tombait à pic.

Des années après, et bien que certains aient été perdus, je me souviens de plusieurs de mes lectures. Il y avait Vent d’est, vent d’ouest de Pearl Buck, Le dernier chasseur de Charles Fox auquel je pense encore fréquemment dans mon quotidien, Le journal d’Anne Franck, Vie et mort d’un cochon de Grégory, Peck, Mon bel oranger de José Mauro de Vasconcelos, Jonathan Livingston le goéland de Richard Back, Les hauts de Hurlevent d’Émilie Brontë, La bicyclette bleue de Régine Desforges (oui, je suis très éclectique dans mes lectures), tous les Agatha Christie et certainement beaucoup d’autres. Pourtant, je ne les ai jamais relus.

J’ai bien trop peur de ne pas retrouver l’émotion ressentie alors, car elle était associée au regard frais, voire naïf, rempli de curiosité et d’innocence de la jeune fille que j’étais. Avec le temps, et le nombre de mes lectures, ma perception du monde a, bien sûr, évolué, et ce que j’ai adoré étant plus jeune, ne serait peut être pas perçu de la même façon à l'âge adulte.

Les histoires qui me semblaient profondes à 12 ou 15 ans peuvent maintenant me sembler simples, voire naïves. Pire : mal écrites (ce qui est le cas pour un roman d’une autrice que j’avais adoré et que j’ai tenté de relire sans succès).

Je conçois parfaitement qu’il existe un réel plaisir à revenir à un monde plus simple, à redécouvrir l'innocence de nos premiers amours littéraires. Ces livres font partie de notre histoire personnelle, de notre patrimoine intime. L’idée selon laquelle les relire permettrait de renouer avec cette magie, cette liberté d’esprit de nos jeunes années est enthousiasmante. Cela pourrait être une manière de se reconnecter avec la personne que nous étions, de revivre des émotions simples, mais profondément sincères. Mais…

Vous me direz : relire un livre peut également être une expérience enrichissante si l’on adopte une approche différente. Et vous aurez raison. Il faudrait ne pas chercher à retrouver exactement ce que l’on a ressenti à l'époque, mais plutôt, explorer l’œuvre sous un autre angle : les thèmes abordés, les contextes historiques, les subtilités que l’on n’avait pas remarquées avant. Relire ce livre, permettrait de découvrir des significations insoupçonnées qui n’avaient pas émergé lors de la première lecture. Mais…

Il y a un risque que je refuse de prendre : celui de la déception. J’ai peur de briser le « mythe » que j’avais construit autour de l'œuvre. La nostalgie a ses limites, et certaines histoires ne survivent pas à la réalité de notre regard d'adulte. Sans prendre en compte le fait que j’ai vieilli, il est tout à fait possible que le livre tant chéri n'ait pas résisté à l'épreuve du temps. Ce qui semblait fascinant, profond, ou étonnant a peut-être perdu de sa substance. Il est parfois plus sage de ne pas relire certains livres. Ceux qui étaient "bons pour l’époque" mais n'ont pas survécu aux évolutions de la société ou de notre propre perception. Ces livres ne nous apportent plus grand-chose, et risquent de nourrir une vision du passé qui n’est plus réaliste. Accepter cela, c'est aussi accepter de tourner la page.

Il n’en demeure pas moins que certains livres sont intemporels, et leur relecture peut éveiller des souvenirs profonds et raviver les émotions qu'ils avaient suscité. L’expérience de lire un livre dans une nouvelle phase de notre vie peut parfois être encore plus riche que la première fois, car nous avons acquis de nouvelles perspectives et vécu des expériences qui modifient notre compréhension de l'histoire. Le monde de Sophie de Jostein Garder, relu il y a une dizaine d’année, fait partie de ceux-là.

Alors, faut-il relire les livres de notre jeunesse ?

Cela dépend de ce que vous recherchez dans la relecture.

Si c’est l’émotion brute et si vous espérez que l’œuvre offre la même profondeur qu’avant, vous risquez d’être déçue. S’il s’agit d’un regain de nostalgie, allez-y !

Quoi qu’il en soit, relire un livre reste une démarche personnelle, une manière de dialoguer avec son passé, une façon de prendre du recul sur ce qui nous a façonnés.

Et vous, avez-vous récemment relu un livre de votre jeunesse ? Qu'en avez-vous pensé ? Avez-vous des livres chouchous ? N’hésitez pas à partager vos expériences avec nous !

À bientôt pour de nouvelles réflexions littéraires !

Je vous embrasse,

Nathalie

PS : cette semaine j’ai relu mon prochain roman pour la deux-millième fois au moins… et je n’en peux plus !

Ce qu’en pensent les copines

Cathy : J' ai été parfois tentée (par exemple pour Les hauts de Hurlevent...) mais il y a encore tant de livres que je n'ai pas lus et qui me font envie !

Céline : Pour contrebalancer nos échanges d’hier, j’ai relu La place d’Annie Ernaux il y a quelques années. Je l’avais lu adolescente. Le relire à l’âge adulte m’a permis de le voir différemment et d’y puiser de nouvelles sources de questionnements personnels très intéressants ! J’ai beaucoup aimé le relire.
Je crois que c’était un peu de ça que je cherchais en relisant Harry Potter, y découvrir des « questionnements d’adultes » ou en tout cas lui découvrir une nouvelle profondeur… pour le moment ce n’est pas tout à fait le cas mais je vais poursuivre ma relecture !

Isabelle : Oh que oui! Et c'est bien bon.....

Terredesevres : Pour ma part j’ai des livres préférés, j’en ai gardé certains mais je ne les relis pas (je crains de perdre le charme d’origine..) à UNE exception : le recueil Paroles de Jacques Prévert qui m’attendris toujours❤️

Sophie : Mon livre préféré a été celui qui m’a donné envie de raconter des histoires… il y a 36 ans.
Suite à sa lecture, j’avais écrit ce qui deviendra California Blues, mon tout premier roman, pondu à l’âge de 21 ans et publié 32 ans plus tard sans retouche ou presque. ( Au secours le style, mais j’assume). Juste une mise en forme… parce que justement, je venais de relire le roman qui avait tout déclenché. Et dans la foulée, j’en ai écrit 7 autres…
Alors oui, il a certainement dû avoir un fkg impact sur mon cerveau ce roman préféré qui tient avec du scotch partout tant je l’ai trainé avec moi! 🤣🤣🤣