Bonjour et bienvenue dans ma newsletter : “From Baiona with love”. Je suis Nathalie LONGEVIAL, romancière, éditrice externe et coach en écriture.
Chères lectrices et lecteur (il y en a au moins un, permettez que je l’embrasse)
À noël, alors que je regardais avec délectation quelques rom-com confortablement enroulée dans mon plaid, je me suis interrogée. Pourquoi revendique-t-on de regarder des comédies romantiques alors qu’on a (parfois) honte de lire des livres catalogués feel-good ?
En hiver, et surtout aux alentours des fêtes de fin d’année, impossible de louper ces films qui déboulent en escadrons serrés et prennent d’assaut nos télévisions. Comme je vous le disais, j’ai moi-même dégusté avec délice des films déjà vus plusieurs dizaines de fois. J’ai aussi regardé quelques nanars de la fille qui détestait Noël, à celle qui tombait amoureuse du bucheron-milliardaire-qui-voulait-vivre-seul-au-fond-des-bois-sans-technologie-suite-au-décès-de-sa-femme et dont l’héroïne, une new yorkaise juchée sur des stilettos, trainant une valise trop lourde dans la neige, allait le guérir Le plus souvent cousus de fil blanc, ces films accumulent les passages obligés, ‘les clichés’, qui nous font passer du premier regard au happy ending en une heure et quarante-cinq minutes environ. Ainsi, alors qu’on connait déjà la fin, on espère quand même à ce que deux personnes qui n’ont rien à faire ensemble et se détestent, finissent par s’embrasser avant la fin du film.
N’est-ce pas déjà un exploit en soi que de réussir, à chaque fois, à partir de deux personnages que tout sépare et d’un certain nombre de clichés, à les faire s’aimer ?
N’est-ce pas déjà un exploit en soi que de réussir, à chaque fois, alors qu’on connait la fin à nous faire regarder le film ?
La rom com est un genre ultra codifié, et c’est, je crois, cette prévisibilité qui fait qu’on ne s’en lasse pas. La rom-com raconte une alchimie qui va faire se transformer la détestation en amour et dans les rom-com, tout est possible, même nous surprendre alors qu’il n’y a rien de surprenant.
Et le feel-good me demanderez-vous ?
Depuis quelques années, ce genre littéraire n’est pas en reste. De nombreux livres sortent dans cette veine et nous assistons à une déferlante en couverture rouge et verte entre le 20 novembre et le 20 décembre. Le feel-good emprunte les codes de la rom-com mais, là où le cinéma est souvent pétri de clichés pas forcément féministes, il casse les codes. On n’en est plus au temps où on lisait les histoires la secrétaire médicale qui tombe amoureuse du médecin ou de la groupie qui a un crush pour son idole et que l’on appelait “histoire à l’eau de rose”. Non, le feel-good nous raconte des histoires qui pourraient nous arriver. Attention, l’histoire elle-même n’est pas forcément heureuse du début à la fin. Au contraire même, le personnage principal est souvent assailli de problèmes tout au long de l’histoire, mais au fil des pages, il chemine, évolue, trouve des solutions (et le lecteur avec lui), puis vient le happy end qui redonne le sourire à tout le monde, personnage et lecteur.
Ce qui change avec le feel-good, ce sont les leçons de développement personnel qui ponctuent l’histoire : lire des feel-good nous apprend des choses. À abandonner ses préjugés, ses habitudes de pensée, à sacrifier une part de soi pour cheminer vers l’autre, à accepter les différences, à se remettre en question, à grandir et apprendre alors qu’on pensait tout savoir, et surtout à rencontrer l’autre dans la vraie vie. Ainsi, si vous lisez Des Papillons sous oxygène vous apprendrez quelques secrets des couples qui durent ou vous verrez comment il est possible d’affronter l’épreuve du cancer. Dans Rendez-vous à Héyo, vous réfléchirez sur la parentalité et la filiation. Les livres feel-good, vous redonneront le sourire grâce à une histoire positive, même si la thématique peut être grave ou triste, le tout assaisonné d’un peu d’humour.
Le feel-good tenu à l’écart de l’intelligentsia littéraire française.
Il n’aura échappé à personne que ce genre littéraire est peu présent dans les émissions culturelles télévisées ou radiophoniques. Il parait que, justement, ce n’est pas de littérature, que ce sont des textes de commande, vite écrits. Et le style ? C’est une des critiques majeures que doit essuyer cette littérature populaire que certains trouvent inintéressante, sans style ni travail littéraire sur le texte, dans un style (trop) facile à lire, fluide et direct. Une lecture facile et sans effort qui ne correspondrait pas au “style français”.
Pourquoi est-ce que lire des textes qui nous font du bien est-il mal vu ?
Est-ce parce qu’on est catalogué rêveuse et naïve ? Mais alors, est-ce que tous les lecteurs de thrillers sont des serial killers en puissance ? La promesse de refermer les feel-good en se sentant mieux, un sourire au coin des lèvres, même si on a pleuré tout le long de sa lecture et avec l’impression de s’être offert une parenthèse bienfaisante dans notre quotidien, n’est-elle pas formidable ?
Le feel-good a-t-il un sexe ?
Je l’ignore, mais c’est une évidence, rares sont les auteurs hommes à se vanter d’en écrire, à moins qu’ils s’affublent d’un pseudo épicène. Il parait que les hommes écrivent du “roman contemporain”. Je me souviens ado avoir lu Vas-y maman et E=MC2 mon amour de Patrick Cauvin. À l’époque il n’était pas question de feel-good, le terme n’avait pas encore été inventé et pourtant, qu’est-ce qu’on se sentait bien, quand on refermait ses livres.
Genre féminin ou pas, s’il y a une chose pour laquelle je remercie le genre, c’est d’avoir permis une plus grande émergence des femmes qui écrivent.
Portez-vous bien et à la semaine prochaine,
Je vous embrasse,
Nat
Ce qu’en pensent les copines :
Lucile : En vrac, les livres de Fabcaro parce qu’il me fait rire, Thomas Vinau pour la douceur, les histoires romantiques de Carole Cerruti ou Catherine-Rose Barbieri.
Céline AKA Mme Feel-Good : le premier livre qui m a fait office de Feelgood dans une période sombre, c est ta deuxième vie commence... De Raphaëlle Giordano, puis je me suis spécialisée dans ces lectures qui font du bien et comme tu dis, souvent dans celles qui font pétiller la vie et j adooooore ! Dernièrement, j' ai eu un gros coup de ❤️ pour un livre que tu connais peut être qui s'appelle Rendez-vous à Heyo et waouh ,.. le kiff ! D'ailleurs si tu connais l'auteure, dis lui que j attends la suite 😉😘😘
Ariane : Je ne lis pas beaucoup malheureusement, mais je viens de découvrir pourquoi, parce que je n’ai jamais lus de livre qui m’est fait sentir vraiment bien, et les seuls qui aurait pu je les ai pas fini 🤦♀️
Catherine-Rose (AKA la Catherine-Rose de Lucile) Du côté des comédies romantiques, j’aime beaucoup les romans de Sophie Kinsella ou de Beth O’Leary. Pour l’humour, j’adore ceux de Coralie Caujolle ou de Marian Keyes. Pour m’évader, je plonge dans les romances historiques : récemment, j’ai adoré Éternelle, de Lisa Scottoline. En ce moment, je lis The History of Love, de Nicole Krauss, qui s’affranchit de l’étiquette feel-good, mais qui réunit tout à la fois l’humour, le style, une imagination folle, une structure captivante, des personnages attachants et des touches d’histoire : je me régale. 😍
Émilie : La gloire de mon père! Quel chef-d’œuvre. Du bon sentiment et la promesse de retrouver un ami l’année suivante. La famille, l’amour qui agrandit la famille et la fascination que l’on a pour un parent. Ce qu’on en retiens, ce que l’on garde. J’étais gamine quand je l’ai lu. Mais je me souviens encore des images que mon imagination venait déposer sur chaque mot.
Puis j’ai eu la VHS… je l’ai usé!
Géraldine : Le "feel good" pour moi, c'est le roman romanesque à fond : Alexandre Dumas a été le premier. Et après, des séries ou sagas, Zola, les Thibault, Pierre Lemaitre, la saga des Cazalet. En fait, ce n'est pas forcément une histoire optimiste, mais c'est une histoire qui "porte". Je prends aussi le "feel good" comme un genre qui peut réconcilier avec l'humain ! Et là, je pense à "j'aime la vie, dit-elle, enfin" de George Hourdin, qui a bouleversé mes 12-13 ans, et "mon frère chasse les dinosaures" de Giacomo Mazzariol, découvert l'année dernière. Sur le même thème (le regard sur le handicap mental en gros), je m'en aperçois maintenant !
Laurine : "Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une" de Raphaelle Giordano, je l'ai même en BD et je la lis souvent en une fois, le soir pour me rebooster.😍
Je ne regarde jamais la télé seule, et avec ma horde de gars à la maison, autant dire que les rom com ne font pas partie de la culture. On est plutôt Marvel ici ( je pense que c’est la version « mecment » acceptable des rom com - quel sexisme deplorable).
En revanche, je suis une grande consommatrice de feel good et littérature pour ados. Et même si c’est mal vu dans la caste des profs de lettres, je choisis de me ranger du cote des bêtes profs de français qui cherchent a faire lire les élèves , et je leur en conseille régulièrement. Qu’au moins dans les livres ils découvrent les bons sentiments, l’amour , la joie , l’humour , dans une langue simple et accessible pour eux et souvent très bien écrite . Il n’y a ps besoin d’être incompréhensible pour avoir du style !
Je n'ai pas regardé un seul rom-com cette année. Par contre lire les "À l'eau de rose" oui, même si la fin est toujours convenue ça fait du bien quelque part.