Tu écris ?

Hier, je suis allée au cinéma et j’ai vu la bande annonce du film Youssef Salem a du talent avec Ramzi Bedia. Synopsis : Youssef Salem, 45 ans, a toujours réussi à rater sa carrière d’écrivain. Mais les ennuis commencent lorsque son nouveau roman rencontre le succès car Youssef n’a pas pu s’empêcher de s’inspirer des siens, pour le meilleur, et surtout pour le pire. Il doit maintenant éviter à tout prix que son livre ne tombe entre les mains de sa famille…

J’ai souri plus d’une fois. J’avais prévu une toute autre newsletter. Elle parlait déjà d’écriture mais pas sur le même ton. Ce matin, en la relisant, j’ai repensé à Youssef Salem et puis… j'ai tout changé.

J’ai mis du temps avant de dire autour de moi que j'écrivais. J'avais peur du silence qui s'installe après ces quelques mots et du regard vide de mon interlocuteur qui s'agrippait au mien. Faut dire que je n'évoluais pas dans un environnement propice à l'écriture, ni même à la lecture je dois bien l'avouer, et je faisais un peu office de "vilain petit canard". Je n’étais pas journaliste ou blogueuse connue. Ni critique littéraire ou Instagrameuse. Je tremblais à l'idée qu'une discussion sur le sujet de l'écriture et des écrivains s'en suive, parce que je n'avais pas du tout envie de théoriser sur ce que je faisais et pas du tout envie non plus de faire partie d'un club quelconque d'auteurs inconnus.

Et il y avait aussi des trucs que je n'avais pas du tout envie d'entendre, même si ça partait d'un bon sentiment : florilège.

1. Je suis dans ton roman ? Certains adorent l'idée, d'autres détestent. Je le sais, j'ai testé. Les deux. Il y a ceux qui sont déçus de ne pas y être, ceux qui traquent la moindre allusion à eux, ceux qui s'amusent de retrouver leur tic de langage ou leur petite lubie mais il y a aussi ceux qui préviennent : t'as pas intérêt à ce que je sois dedans. Donc la plupart du temps, non, tu n'es pas dans mon roman, c'est moi qui y suis. Comme ça, si je parle trop, je ne peux m'en prendre qu'à moi-même.

2. Ah, c'est chouette, ma sœur, collègue, oncle, toubib aussi, tu veux que je te les présente ? Non, merci.

3. Moi aussi j'écris! Chouette...

4. Tu pourras me le faire lire avant ? Non, ça c'est le job de mes bêta lectrices et ce n'est pas une mince affaire pour elles, tu peux me croire.

5. Mais, si tu y arrives, je vais peut-être essayer moi aussi… Grave!

6. Tu mets combien de temps pour écrire un livre ? Ça dépend mais la plupart du temps très longtemps parce qu'avant d'écrire tout se met en place dans ma tête et paf un jour ça sort, mais le premier jet n’est jamais publiable. Il faudra au moins trois ou quatre corrections avant que le roman soit lisible.

7. Il sort quand ? L'année prochaine est toujours la réponse la plus proche de la vérité. Mais oh ! Je sors tout de même un livre par an, hein?!

8. C'est qui ton éditeur ? No comment.

9. Je devrais peut-être écrire moi aussi, ça me ferait peut-être du bien, il parait que c’est comme une psychothérapie… En vrai, si tu ne ressens pas en toi le besoin impérieux et la nécessité de le faire, je ne suis pas sûre qu'écrire te fasse du bien. C’est quand même long, et on n’a pas toujours le retour qu’on espérait.

10. Ton livre, ça m'a fait penser à ... Chouette, mais bon, dommage qu'aucun éditeur ne l'ait pensé aussi.

11. Alors, t'en as vendu combien? La moitié des auteurs français vendent moins de 500 exemplaires, la moyenne des ventes se situant à 400. Environ 90% des auteurs ne dépassent pas les mille. Je me situe entre la moitié et les 90%.

12. Et, tu gagnes combien par livre ? Pas de quoi faire le tour du monde (même pas à la nage)

13. T’inquiète, tu vas écrire un best-seller, c'est sûr! Dixit ma maman, mon chéri et mes enfants…Mais bien sûr...

14. La fin, t'es sûre ? Non, c'est comme tout, je ne pas suis sûre de grand chose dans la vie. Mais là, je fais ce que je veux.

15. T'as écrit ça parce que tu es dépressive ? C'est une thérapie ? Comment réduire ce que font les autres et rabaisser l'écriture sans avoir l'air de le faire.

16. Donc en fait, tu restes chez toi toute la journée ? Trop de la chance! Je ne pense pas que ceux qui ont vécu le confinement avec moi seront de cet avis.

17. Puisque tu écris, tu pourrais me faire une lettre ? Si vous saviez comme je sue sang et eau pour les miennes, vous ne me feriez pas confiance pour la vôtre.

18. Ça doit être chiant d'écrire toute la journée. Personne ne t’y oblige.

19. Mon ex, il écrivait aussi, quelle plaie les écrivains ! Oui, ils ne se lavent pas, trainent en pyjama toute la journée fument, se gavent de café et passent leur temps à se regarder le nombril.

20. J'ai plein d'idées de romans, tu veux que je t'en donne ? Non merci. En général les idées me viennent dans ma salle de bains et ne viennent que de moi.

21. Je peux le trouver où, ton livre ? À la boucherie du coin.

22. Tu écris quoi ? Rien qui rentre dans des cases. Ça, c'est ce que j’ai fini par apprendre. Mes livres sont atypiques et donc difficilement classables et vous savez qu'en France, on adore mettre les gens dans des petites boites. C'est bien ma veine !

23. Et, si tu écrivais de l'érotisme/feel-good/romance/policier, tu crois pas que ça marcherait mieux ? Sans doute...

24. C'est quand que tu passes chez Busnel ? Jamais.

25. Le titre, là, t'es sûre? S'il y a une chose dont je suis sûre c'est bien de mes titres. Je suis même passée dans un magazine littéraire grâce à eux (égo trip)

26. Je crois que tu ne sais pas te vendre. Il doit y avoir de ça.

27. J'aime pas trop lire les auteurs inconnus, j'ai toujours peur de me tromper. Faut pas te forcer.

28. Moi, je boycotte Amazon pour les livres (mais pas pour le reste) et les tiens je ne les ai pas vus à la Fnac... c'est dommage quand même... Oui, c'est dommage.

29. Moi je ne lis que du Grimaldi/Bussi/Lévy/Musso/Pankol (au choix rayer la mention inutile) et rien d'autre. Beh, c'est bien...

30. Auteure ou autrice ? Je m'en fous du moment que je peux continuer à écrire.

31. Avec l'auto-édition, n'importe qui peut éditer, alors comment tu sais que le livre est bien ? Tu ne le sais pas et c'est un peu comme faire Pékin Express tout en restant sur ton canapé et pour beaucoup moins cher.

32. Et donc, tu connais Amélie Nothomb ? Beh, non.

33. Rien à faire, j'ai pas réussi à lire ton livre, tu me fais un résumé ? Beh voyons

34. Ah, c'est vous l'Écrivaine... (avec un regard de haut en bas) En vrai dans ma tête je fais un doigt d'honneur.

35. Un jour, tu vas y arriver ! À quoi ? ;-)

36. Moi j'ai un copain qui a écrit un livre et qui a été édité chez Untel, tu connais? Non jamais entendu parler

37. Tu devrais peut-être essayer... Non.

38. Quand même, c'est dingue ça que tu ne trouves pas d'éditeur... J’en ai quand même trouvé un, une fois.

Question de la semaine

Et toi, tu écris ?

À lire

Des Papillons sous oxygène, mon roman dit feel-good, publié chez Eyrolles, est toujours disponible dans ta librairie et en numérique. Noté 4 étoiles et demi sur 5. (Si tu le lis et que tu as le temps, n’hésite pas à déposer des commentaires ou des étoiles sur Amazon ou Babélio. Ça aide les livres à conquérir d’autres lecteurs).

“Adrien ne s'en remet pas. Tina ne l'aime plus. Tina le quitte. Dans sa tête c'est pourtant clair : celle avec laquelle il vient de partager les trente dernières années est la femme de sa vie. Passée la sidération, Adrien décide de reconquérir Tina. Elle ne sent plus les papillons dans le creux de son ventre ? Qu'à cela ne tienne, il est prêt à les mettre sous oxygène ! Si tomber amoureux n'est pas bien compliqué, le rester l'est davantage. Son plan est radical, aussi romantique que suicidaire : kidnapper Tina, fuir en camping-car, et revisiter les lieux de leur histoire de couple. Mais si la vie était une comédie romantique, ça se saurait !”

Dans ce roman, je voulais parler de l’amour au long cours, celui qui compte des centaines de petits matins. Comment fait-il pour durer ? Je voulais raconter avec humour l’histoire d’un type qui avait décidé de mettre les papillons sous oxygène pour raviver la flamme.

Mes salles obscures

Donc hier, j’ai renoué avec l’un de mes plus grands luxes : aller au cinéma toute seule. Pour commencer 2023, j’ai choisi Le Tourbillon de la vie de Olivier Treiner avec Lou De Laâge (formidable) et Raphaël Personnaz. Moi qui suis toujours à l’affût des secondes existentielles qui transforment une vie en destin, ce film était fait pour moi. D’ailleurs j’ai même eu droit à une séance privée pour moi, me and myself.

Nos vies sont faites d’infinies possibilités, de chemins qu’on aurait pu suivre, de femmes qu’on aurait pu être… Choisit-on son destin ? A quoi tiennent l’amour ou le bonheur ? À quoi se joue l’itinéraire d’une vie ? Un détail parfois, un passeport oublié sous le lit, ou non, des livres tombés dans une librairie, un accident de quad et deux chemins qui s’écrivent ou ne s’écrivent pas. Le tourbillon de la vie questionne le hasard et le destin et j’ai adoré. Mieux, j’aurais voulu l’écrire.

Je vous embrasse <3