Bonjour et bienvenue dans ma newsletter : “From Baiona with love”. Je suis Nathalie LONGEVIAL, romancière, éditrice externe et coach en écriture.
Ce texte a été réalisé lors d’un atelier d’écriture. Il s’agit d’écrire un texte à la première personne dans lequel on fait se succéder et se juxtaposer, sans hiérarchie de valeur et sur un ton neutre, quasiment clinique, avec une écriture quasi documentaire, vos goûts, vos attitudes, préférences, manières de vivre, vos manies, vos gestes, vos croyances, vos projets réalisés ou avortés, etc.
Je suis née un jour de canicule. Je prends toujours trente minutes à faire le ménage avant d’écrire. Petite, j’ai attrapé la typhoïde à cause de moules pêchées par mon père. Quand je rencontre des inconnus, j’essaye de deviner leur âge, je me demande s’ils sont plus vieux ou plus jeunes que moi. Je préfère aller au cinéma toute seule. Je lis quatre livres par mois, les mois où je n’écris pas. Mes analyses de sang sont toujours parfaites. J’aime bien quand Muriel me tire les cartes. De l’hiver, je n’aime que les agrumes. Les pharmacies sont des sources de découvertes extraordinaires. J’aime la lenteur. Je ne m’ennuie jamais. Je ne dis pas « un espèce » parce que c’est une faute, ça m’agace de l’entendre. Un espèce d’histoire. Dormir est un combat. Dormir dans des draps froids est un délice. Quand je vais à Hanoï, je dévisage les femmes et cherche en elles la mère de mon fils. J’entends mal depuis qu’à dix j’ai attrapé un virus. Ma prof de yoga m’a dit que j’étais une passeuse d’âme, maintenant, j’ai peur d’aller voir les malades à l’hôpital. J’ai de grandes mains et des petits pieds. Dans un aéroport, je regarde les gens qui rentrent de voyage plutôt que ceux qui partent et l’inverse sur le quai d’une gare. L’invention des mots me fascine : qui a décidé qu’une maison en était une ? Je bois le coca par petites gorgées. Les deux premières sont exquises. Mes enfants n’ont appris aucun jeu de société avec moi, je m’étonne qu’ils jouent au Uno, à la Belote ou au Poker. L’été, je fais une fixette sur le talon des gens dans les chaussures ouvertes, et certains me font frémir de dégoût. Être heureux est un réel travail. J’ai déjà guéri d’une maladie auto-immune dont on disait que je l’aurais à vie. À New-York, j’ai l’impression d’être invisible, de ne gêner personne, d’être à ma place. Quand je dois retrouver quelqu’un que je n’ai pas vu depuis plusieurs mois, j’ai peur de ne pas le reconnaitre. Ça marche aussi pour mes enfants. J’ai toujours une bonne excuse pour ne pas porter mes appareils auditifs. Le soir, c’est fait pour oublier les souvenirs qui ne mènent nulle part. Quand je mange, je commence toujours par ce que j’aime le moins. Mon grand-père faisait le contraire : à cause de la guerre, disait-il, quand ses petits frères lui volaient ce qu’il avait dans l’assiette et qu’il devait les laisser faire. Je me trouve plus jolie l’été. Pour mes 38 ans, j’ai commencé le violoncelle parce que j’avais peur de devenir sourde. Il m’arrive d’avoir confiance en quelqu’un et de m’apercevoir à la fin de la phrase, que je n'aurais pas dû. Parfois, je dis les choses pour qu’elles arrivent. Ça marche rarement. J’ai un problème avec les rêves que je fais éveillée. Quand je me regarde dans le miroir, je vois mon père. Ou sa mère. Je suis régulièrement aphone. J’aime bien parce qu’on ne m’oblige pas à donner une opinion. Je ne connais rien à l’astrologie. Quand je serai vieille je m’habillerai comme je veux. Je crois que j’ai commencé. Ma mère sait reconnaitre les trilles des oiseaux, pas moi. J’écoute plus que je ne parle. Je suis parfois sujette aux éclairs de génie. Je pleure en dedans quand j’écoute du tango. Je ne sais pas dire de quoi j’ai envie. Un jour de très bons amis m’ont offert une initiation au golf. J’ai détesté ça. C’est bien de pouvoir compter sur ses amis pour apprendre des choses sur soi. Je voue une passion aux robes de Flamenco espagnoles à pois rouges et volants. Adolescente, j’écrivais dans un carnet le langage des fleurs. Jonquille : mélancolie. Un jour je mettrai des talons et je jetterai tous mes baskets. Je suis souvent dans ma bulle. Je suis Lion ascendant Lion, Vénus et Lune en Lion et ça ne me cause aucun problème. Aux autres, si.
Enfant, quand on me demandait ce que j’allais faire plus tard, c’est comme si je tombais dans un gouffre. Ma mère adore les phrases toutes faites : si on te le demande tu diras que tu ne sais pas, va voir là-bas si j’y suis, un tien vaut mieux que deux tu l’auras. C’est assez nébuleux. J’ai commencé à lire à cinq ans grâce à Télé7jours. On ne mesure pas assez les dégâts que peuvent occasionner la disparition de certains magazines. J’ai adoré un pull rouge porté pour mes seize ans. Ma tante a travaillé chez Balmain et quand elle en parlait, des sequins brillaient dans ses yeux. J’aime le silence des églises et les toux qui résonnent. Je triture les feuilles de menthe dans mon mojito. À la fin, ça fait une bouillie marron. Et puis, j’écris.
Bonne semaine, je vous embrasse 😘
Les trucs inavouables des copines : comme vous le verrez, seulement deux ont joué le jeu …
Chifougnette : A la sortie du collège, j’achetais plein de paquets de bonbons chez le boulanger pour me faire des “copains” . Et comme mon argent de poche ne suffisait pas, je piquais en douce dans le porte-monnaie des parents. Et puis en 4eme, j’ai changé de tactique : j’ai remplacé les bonbons par des cigarettes…
Cécilia qui nous vient de Toulouse : Je rebondis sur “télé 7 jours” je gribouillais des moustaches, des grains de beauté poilus…sur les stars du moment qui faisaient la une du Télé 7 jours, que j’ai connu toute mon enfance sur la table basse du salon ! #vilainefille 😉
Quel plaisir cette newsletter. L'honnêteté de chaque phrase m'a apaisée. Bon week-end Nathalie. Et merci 🌼
C’est génial comme exercice. Ça me donne envie de le faire 😊 Je reconnais des choses dans ton texte grâce à notre rencontre.