Je suis obsédée par l’âge des gens. Des femmes surtout, soyons honnête. Ça fait une dizaine d’années que ça me suit cette histoire sans que ça passe. Quel âge a-t-elle est la première question que je me pose quand je rencontre quelqu’un. Très vite derrière, arrive : est-elle plus jeune ou plus âgée que moi ? Et souvent, je remplace le verbe être par faire.
-Dis, chéri, tu trouves que je fais plus jeune ou plus vieille qu’elle ?
Le souci, c’est quand il trouve qu’elle fait plus vieille que moi, parce que, sans doute, les gens me voient comme je la vois.
Le souci, c’est quand il trouve qu’elle fait plus jeune que moi. Alors, je traque les éventuelles traces de chirurgie, de produit injecté ici ou là, et quand je n’en trouve pas, le verdict est sans appel : ah, ouais, j’ai pris cher tout de même.
On se mesure toujours à l’ âge des autres et dans l’idée de “est-ce que je fais mon âge ?” se niche “est-ce que je parais aussi vieille que je le suis en réalité ?”
Parce que là est le problème : on ne se voit pas vieillir. Pas du tout. Ce n’est pas un scoop, mais vous pouvez me croire sur parole. Alors je ne dirai pas, comme je l’entends souvent “moi, dans ma tête, j’ai toujours quinze ans”. Non, impossible, parce qu’à quinze ans, je n’avais pas à chercher ce que nous mangerions le soir, je n’avais pas non plus à regarder mon compte en banque pour voir où il en était, je n’avais pas mal au dos le matin au réveil, mais c’était la fin du monde si mon amoureux ne m’avait pas appelée.
Non, je n’ai pas quinze ans, mais pas cinquante-cinq non plus, faut pas déconner ! Par contre, j’ignore où se niche mon âge véritable.
Je ne l’ai jamais fait, mon âge. À vingt-ans on m’en donnait quinze, à trente à peine vingt, c’était pénible : on ne me prenait jamais au sérieux. Peut-être qu’à quarante ans, je faisais vraiment mon âge, allez savoir. La vérité, c’est qu’on a une relation perpétuelle d’insatisfaction vis à vis de son âge et sa date de naissance est une des seules choses sur laquelle on ne peut pas tricher (enfin, jusqu’à maintenant). On peut jouer sur son apparence par les vêtements, la chirurgie, le maquillage ou en allant chez le coiffeur, mais qu’en est-il vraiment ?
Avec ma couleur de cheveux, il est difficile de faire plus jeune , mais je crois que cela correspond aussi à une façon de brouiller les cartes puisque ça fait déjà dix ans que je les porte gris. C’est l’idée que si je n’étais pas vieille à 45 ans avec mes cheveux gris, pourquoi le serai-je aujourd’hui ? La mutation chez moi est moins visible. Il faut la chercher ailleurs.
La problématique essentielle c’est que le temps ralentit quand on prend de l’âge. On peut dire que c’est parce qu’on fait les choses en conscience, oui, on peut. On peut dire qu’on prend davantage le temps, si vous voulez, mais à mon avis, c’est surtout, à de très rares exceptions, que la plupart du temps on a simplement moins de choses à faire : les enfants ont grandi, ils sont plus autonomes, notre carrière est faite et si on a des activités, elles sont souvent auto-centrées.
Bref, dans la mesure où : on ne m’a encore jamais laissé sa place dans le bus ou le métro (ok, à Bayonne je ne prends ni l’un ni l’autre), que je ne suis pas encore grand-mère (l’âge moyen de la grand-parentalité en France est de 54 ans pour les femmes)(pensée émue pour ma maman qui le fut à 42). Attendu que je porte les cheveux longs (alors qu’il parait qu’après 50 ans ça ne se fait pas) que j’apprends encore des tas de choses grâce à ma multipotentialité (et donc, que je grandis encore) je considère que je ne fais pas mon âge.
Mes dernières pensées à ce sujet :
Je suis tout à fait consciente que faire son âge ou pas est une problématique bien peu importante au regard de ce qui se joue ailleurs (mais il faut bien trouver des sujets de newsletter)
Faire son âge, c’est une relation entre soi et soi, d’abord.
Faire son âge, c’est être en harmonie.
Assumer son âge c’est bien le porter.
Au fond, on se sent tous plus jeunes qu’on l’est
Les seuils entre les âges sont moins clairs qu’avant. Avant on était vieux à 60 ans, c’est à dire quand on partait à la retraite. Aujourd’hui ce n’est plus si sûr… d’ailleurs j’ai appris hier (merci Nathalie de @mapausenature) qu’au regard de l’administration on devenait un sénior à 60 ans (l’ancien âge de la retraite)… je crains qu’il ne faille revoir cela très vite.
Faire son âge c’est ne pas avoir peur de vieillir, ni de la mort ni de ne plus être “parfaite”.
On parle beaucoup de l’invisibilité des femmes de plus de cinquante ans. Je ne sais pas si j’ai été très visible à un moment de ma vie. J’ignore si je trouverais un éditeur plus facilement si j’avais trente ans.
J’ai tendance à me dire plus vieille de quelques mois voire quelques années : je préfère qu’on dise que je ne les fais pas plutôt que j’aie pris cher ! (d’ailleurs, ai-je vraiment 55 ans ?)
Ce que je veux ? Qu’on me laisse être belle à ma façon : lumineuse, rayonnante, avec mes cheveux longs et gris ou courts et colorés si je le décide, avec les kilos pris au passage de la ménopause et mes rides qui racontent qui je suis et tant pis si ça ne plait pas aux autres.
Quelques femmes inspirantes
Apo Wang-Od fait la une du Vogue Philippines. Elle affiche fièrement ses 106 ans et travaille toujours. Il est possible de douter de sa véritable date de naissance dans un pays où l’état civil n’existe pas depuis 100 ans, mais quand même, quelle femme !
Colette Mazz, 106 ans joue encore du piano chaque jour et a sorti un album en 2021.
Françoise Gilot, muse et peintre exposait encore il y a deux ans à New-York alors qu’elle avait 99 ans. Seule femme à avoir dit non à Pablo Picasso.
Iris Apfel, 101 ans, ancienne architecte d’intérieure et icône de mode.
C’est pas demain la vieille - interview et exposition de Sandrine Alouf, Atmosphérique (quel joli terme pour un métier), que je vous encourage à regarder sans modération ;) Elle s’est amusée à décliner des photos icôniques avec des femmes de plus de 55 ans.
Et pour vous, c’est important de ne pas faire son âge ?
Bonne semaine, je vous embrasse
Cette newsletter vous a plu ?
Encouragez moi en la likant, en la commentant,
en vous abonnant ou en partageant.
Merci de votre confiance
Merci Nathalie pour tes « billets » stylés !
En ce qui concerne faire son âge, je dirais que personnellement je me sens plus libre qu’avant, plus décomplexée c’est sûr car il faut que je me plaise à moi avant tout .. ( pour info je suis sur 66 bientôt)
et je te trouve très belle !
Coucou, je ne suis pas réellement en désaccord avec mon âge, je crois que je l'accepte, par contre il m'arrive de me détester et de ne pas aimer mon image . Merci, j'aime bien ces " belles histoires" . Amicalement. Sophie