Chère lectrice, cher lecteur,
J’ai un aveu à vous faire : je déteste perdre.
Rien de très original, d’ailleurs, peu de gens doivent adorer ça. Même ceux qui prétendent que l’essentiel est de participer qui ne m’ont jamais vraiment convaincue (OK, je le dis parfois à mes enfants, mais c’est uniquement pour éviter qu’ils se retrouvent dans la même situation que moi)(spoiler : ça ne fonctionne pas) . Cette « difficulté », appelons-là comme ça, m’empêche de jouer à des jeux de société avec des gens autres que ma famille proche (avec mes enfants je peux insinuer que je les ai laissés gagner, ce qui est fondamentalement différent du fait de perdre). Toute leur enfance, j’ai clamé haut et fort que je n’aimais pas jouer, mais en réalité, sans doute n’ai-je jamais supporté de perdre, tout simplement.
Bonjour,
Je suis Nathalie LONGEVIAL, romancière, éditrice externe et coach en écriture. Bienvenue dans ma newsletter : “From Baiona with love”. Nous accueillons aujourd’hui parmi les abonnés à la newsletter : Geneviève, Michelle, Valérie, Anne-Laure, Georgia, Corinne.
Je ne regarde que très peu de sport à la télévision parce que je n’aime pas davantage voir les autres perdre. Comme je ne suis pas très sportive, ça n’est pas bien compliqué, sauf cet été, quand mes filles étaient à la maison et qu’elles vivaient les JO en direct. Après m’être levée des dizaines de fois, avoir prévenu que j’allais éteindre la télé et avoir entendu les leçons comme « un supporter est là aussi, dans les moments difficiles » j’ai quitté le salon pour rappliquer à la dernière minute du match de Rugby à 7 ou de celui du cécifoot ou à la dernière longueur de piscine de Léon Marchand. En revanche, j’aime bien regarder les podiums.
Inutile de me demander qui des candidats de Top Chef ou La StarAc’ a gagné : je n’en sais rien, pour la même raison que précédemment, je n’ai aucune intention de regarder des gens perdre (d’autant qu’il y a plus de perdants que de gagnants) (et, inutile de me dire qu’être sélectionné est déjà une victoire gna gna gna).
C’est pour cette raison également que je ne participe pas aux concours sensés élire le meilleur auteur inconnu, le meilleur roman autoédité ou la meilleure comédie romantique la moins lue de France. Pour ma plus grande chance, mon nom ne figurera jamais sur la dernière liste du Goncourt (ni sur la première), du Renaudot ou du Fémina. Quoi que, je dois bien avouer que, le Fémina, hein, pourquoi pas ? Mais bon, mieux vaut rester sous ma couette. Ça fait moins mal.
Vous allez me dire que je manque de courage. Que dans la vie, il faut affronter ses peurs. Que pour atteindre ses objectifs, il faut se confronter aux autres. Et vous aurez raison.
Mais je vous assure, c’est un réel problème pour moi qui souffre encore à 56 ans du syndrome du bon élève. Je ne cherche pas la perfection, je sais qu’elle n’est qu’une chimère, mais je voudrais de la reconnaissance. Dans le nouveau métier que j’ai choisi, où tout est subjectif, soumis à l’humeur des uns (l’écrivain) et des autres (le lecteur), du jour de la semaine, de la période de l’année, du livre qu’on a lu avant et celui qui nous fait de l’œil pour après, c’est un problème. Surtout dans la façon dont je l’exerce puisque la plupart du temps j’autoédite mes romans, ce qui exclut les commentaires d’une éditrice du type : “ce livre est génial, il va faire un carton !”
Par la force des choses, il a donc fallu que je me détache de mes idées qui tournaient souvent autour de “mes livres sont nuls puisque je ne trouve pas d’éditeur” “ils sont nuls puisque je n’en vends pas des milliers”, et ce ne fut pas une mince affaire ! Ne venez pas me dire que l’important c’est que mes romans existent. Putain que non ! L’important serait qu’ils aient des milliers de lecteurs (en vérité je table sur des millions).
Pourquoi je vous raconte ça ?
Parce que la semaine dernière, j’ai reçu une demande étonnante pour écrire trois synopsis de mes derniers romans en vue d’une hypothétique adaptation audio-visuelle. C’était mercredi soir. J’étais un peu fatiguée ce qui a dû émousser mon jugement. J’ai sauté de joie. J’ai pétillé toute la soirée. La nuit est arrivée amenant avec elle, ma vieille amie Insomnia. Après avoir dormi deux heures et demie, j’ai pensé que j’allais faire semblant de ne pas avoir reçu le message… ce qui est compliqué puisque je l’avais reçu sur IG, or, la mention « lu » s’affiche dès l’ouverture du message. Je pouvais aussi prétendre que je n’avais pas le temps de le faire dans le temps imparti (sept heures ouvrables), ou que je l’avais envoyé, mais les mystères d’internet avaient égaré le mail.
Trêve de suspens : je l’ai fait (et envoyé.)
Trois synopsis en sept heures, alors que la veille j’ignorais ce que c’était. Quand j’ai appuyé sur le bouton envoi, j’avais mille raisons de penser que ça ne marcherait pas : mes histoires n’étaient pas aussi bonnes que ce que je croyais, elles étaient remplies de défauts et sans doute cousues de fil blanc, et moi, j’étais nulle à chier. J’étais à nouveau installée sur la plus haute marche du classement d’autodénigrement (seule compétition où j’aimerais perdre). Ne m’étais-je pas promis de ne jamais jouer à ce genre de jeu, justement pour éviter d’avoir à perdre ?
Et donc, une semaine plus tard, je n’ai aucune nouvelle. Vous allez me dire, c’est tôt une semaine (et vous n’aurez pas tout à fait tort) mais, en plus de cette « difficulté » à perdre, je suis aussi très impatiente, ce qui n’arrange pas mes affaires. Je pourrais vous dire que ce n’est pas grave, l’important est d’avoir été « repérée » (ça change quelque chose par rapport à avoir participé ?)… mais ça serait un mensonge. Vous savez que je ne m’en contente pas. Hubert (mon syndrome de l’imposteur) est venu me rendre visite (je ne l’avais pas revu depuis le mois d’avril) et a insinué que je pétais plus haut que mon cul. Je lui ai demandé de se reprendre. Il a ajouté que d’autres écrivaines connues (il a insisté sur ce mot-là, je ne sais pas ce qu’il insinuait) n’avaient jamais vu leur roman adapté en série, alors … hein…. Redescends de ton nuage ! qu’il a dit.
Je suis redescendue (ce matin) et arrivée en bas, j’ai relu les messages que des lectrices ont déposé au sujet de mes romans. Ils parlent d’amour et de joie. Ils racontent à quel point mes mots les ont touchées.
Voilà, je vais retenir ça : la joie de pouvoir être lue, de pouvoir transmettre des histoires qui me tiennent à cœur. Et on verra plus tard pour la gloire et les millions de lecteurs.
Je vous embrasse,
Nathalie
PS : La réponse à la question de la semaine dernière était : ma mère ne parle pas un mot d’espagnol et on n’écoutait pas Léo Ferré dans la voiture. Tout le reste est vrai, même que Dali nous a parlé. Ce faisant, je pense qu’il nous engueulait parce qu’on faisait trop de bruit.
Ce que les copines en pensent.
Caroline : Perdre aux jeux de société je m’en moque ! C’est au jeu de la vie que c’est plus difficile ! dans ce sens là je suis très mauvaise perdante ! (itou)
Amal : Je n’ai aucun esprit de compétition, pour rien , hélas j’ai envie de dire, mais quand je gagne suis étonnée et contente. (moi aussi, je me souviens d’une belle bague gagnée)
Sonia : Je n'ai aucun problème à perdre par contre quand je gagne j'ai la victoire éclatante 😂 (non, moi je l’ai modeste. genre j’ai pas fait exprès de gagner … tu parles !)
Béa : Franchement, j’en ai rien à faire de perdre une partie de belote, mais perdre un projet sur lequel je misais, là ça me gonfle davantage!
Cécile : Je peux pas dire que je déteste perdre mais j’aime bcp gagner 😂 (voilà, voilà)
Lucile : Ça ne me dérange pas trop, à condition que je gagne aussi de temps en temps ☺️
Claude : Pas du tout, ça m'est complètement égal. Je fais ce qu'il faut pour gagner mais si ça ne marche pas, tant pis.
Nathalie : Ça ne me coupe pas mes moyens mais mauvaise perdante ici !!😅🙏😂
Éléonore : C’est surtout sentir l’esprit de compétition exacerbée qui me déstabilise. Perdre à un jeu, perdre une relation , perdre la face, perdre un contrat … ça se croise.
Pirekemoa : Non cela ne m’influence pas ; par contre j’ai parfois le sens du défi sur un point précis et la, je veux y arriver… par exemple la dernière fois c’était cet été a un stage de danse : on nous a appris un pas assez difficile a assimiler sur un temps court… j’ai pris un cours particulier pour me donner toutes les chances d’y parvenir, et bingo ! Ça a marche ! J’ai voulu une victoire vis à vis des autres et aussi vis à vis de moi même : gagner me permettait de progresser…
Célia : Non. Je suis très bonne perdante. Ce n'est qu'un jeu finalement.
Christelle : Pas du tout, j’aime jouer pour jouer, au jeu de société en général, le sport je n’y participe même pas…
Je perds mes moyens très facilement pour tout le reste parce que j’ai plein de peurs inexpliquées en moi.
Isabelle : Pas du tout . Je m'en moque . Jouer est un pari dont le risque est de perdre 😏 (j’aime pas les paris non plus … parce qu’on peut perdre )
So : Je crois que cela ne m’ennuie pas de perdre , tant que j’ai passé un bon moment à jouer en agréable compagnie. Je crois qu’au jeu de la vie, je suis un peu pareille. Je crains la compétition et préfère le moment de qualité present , a son résultat ou son efficience. Je supporte assez bien de ne pas avoir le contrôle total de la situation tant que tout se finit bien . Mais je ne sais pas dans quelle mesure ce que je dis tiendrait face à un véritable échec, un refus, une vraie déception . La vie a été je crois clémente avec moi jusqu’ici .
Cath : Je parie que tu ne veux pas du tout parler de perdre au jeu, mais perdre dans la vie… je me trompe ? (Non)
Cédric : Si tu pars en perdant, tu perds
Christelle : Non, je me moque de perdre, surtout au jeu. A la maison, nous adorons les jeux de plateau, les énigmes... nous sommes contents de gagner et en cas de défaite, on est heureux d'avoir passé un bon moment de jeu ensemble. Si je participe à un concours, je fais tout pour gagner, mais si je perds, je reconnais surtout la qualité du travail du gagnant.
Élisabeth : Je ne joue pas, je déteste perdre ! (Ah ! Ah ! Ah !)
Bon week-end et belle semaine, je vous embrasse.
Je ne vais pas dire que gagner ou perdre aux jeux de société m'est égal mais je ne me rends pas malade si je perds. En revanche, je pense que si j'aime aussi peu la compétition, c'est très certainement parce que pour moi cela gâche le plaisir. Celui de faire quelque chose qu'on aime, sans jugement, sans nécessité de se surpasser. Dans la vie, je fais mon possible. J'ai toujours demandé à ma fille de faire pareil. Si cela lui réussit et lui apporte des louanges, tant mieux. Si elle échoue, ce n'est pas grave tant qu'elle peut se dire qu'elle a fait son maximum. Cela n'éloigne malheureusement pas une certaine pression chez moi. En revanche, je crois que ma fille avait bien intégré le concept pendant ses études. Elle ne s'est mise aux concours d'équitation que très récemment alors qu'elle monte depuis 17 ans. Et elle se moque du classement. C'est juste pour elle et pour passer une journée avec ses copines. Pardon, je crois que j'ai digressé quelque peu. Bref! Croisons les doigts pour vous et surtout, si cela ne donne rien, sachez bien qu'ils ne savent pas ce qu'ils perdent et que notre admiration et notre affection vous restent acquises!
Je tiens bien ça de ma mère 😉