Chères lectrices et chers lecteurs,
J'ai grandi dans une maison de plain-pied où il n'y avait pas d'escalier. Ah si, quand j'y pense, il y en avait bien un, qui descendait au garage, mais ça ne compte pas parce qu’il faisait peur et ne sentait pas très bon. Par la suite, j'ai habité de grandes maisons où il y avait quelques marches pour desservir les espaces mais pas d'escalier.
Bonjour,
Je suis Nathalie LONGEVIAL, romancière, éditrice externe et coach en écriture. Bienvenue dans ma newsletter : “From Baiona with love”.
Avant, quand je regardais des films, je m'étonnais que les protagonistes vivent une vraie vie dans l'escalier. Ce n'était pas simplement un lieu de passage comme je le pensais, c'était une pièce à part entière. Je me souviens que je disais : “mais qu'est-ce qu'ils foutent dans l'escalier ?” Ça me faisait un peu envie cette histoire d'escalier où l'on se croise et où les mains caressent les rambardes brillantes. Ça me faisait envie, ces enfants qui sautent de la troisième marche, et ces personnes âgées qui fixaient chacune d’elle comme si elle allait se dérober sous leurs yeux.
L'escalier, c'était un monde que je ne connaissais pas et que je rêvais de découvrir, un peu comme on part en vacances ou qu’on va chez Ikéa.
Et puis nous sommes arrivés ici, et mon escalier a tenu ses promesses.
Je m'assois sur la deuxième marche pour enfiler mes chaussures
Sur la troisième pour écouter mon fils jouer au piano
Sur la quatrième pour regarder l'effet que je fais dans le grand miroir posé sur le mur d'en face.
Sur la quatrième j'entasse aussi toutes les choses qui doivent monter dans les chambres et les salles de bain : les serviettes, les slips et culottes, le chargeur d'un téléphone.
Souvent quand on me demande "tu sais où se trouve mon tee-shirt noir ?" je réponds "en bas de l'escalier", “Et mon cartable ?" en bas de l'escalier, "T'as vu mes lunettes" en bas de l'escalier. Parce qu'en bas de l'escalier il y a aussi une étagère et un espace parfait pour laisser trainer tout un tas de choses essentielles.
C’est sur le huitième marche que nous faisons nos selfies débiles des mauvais jours (nous faisons des selfies les jours où ça ne va pas trop et nous mettons des notes à nos têtes dépitées)(et je les garde pour plus tard, pour les jours où ça va bien et où on rit des jours où ça va pas).
Si je fumais, je crois que ce serait aussi l'endroit parfait pour le faire, parce que la lumière qui passe à travers le vitrail colore le monde.
Parfois je cours dans l’escalier avec le chat qui descend toujours très vite et qui gagne chaque fois.
Et d'autres fois c'est avec une araignée que je fais la course, mais là, c’est souvent l'humain qui gagne.
Dans l'escalier c'est aussi l'endroit favori où se retrouvent les poils du chat et ceux du chien qui s’emmêlent à mes cheveux et fabriquent de gros moutons noirs.
Dans l'escalier, il y a une galerie d'art qui arrête mes pas et une galerie de portraits de leur enfance.
Dans l'escalier il y a ma voix qui monte pour qu’ils viennent à table.
Mon escalier, c'est un placard, un auditorium, un dressing, un anneau de course, un lieu de pèlerinage : un lieu où nous aimons nous croiser.
Ici, dans ma maison de ville, j’ai trois niveaux et 16 marches entre chacun d’eux. Et à Begur, 36 marches pour arriver à la maison plus 12 pour monter aux chambres et 12 à nouveau pour aller dans le jardin. Alors, parfois, tout de même, je rêve à une maison de plain pied, sauf qu’il faudrait que je renonce à cette espace en plus que représente l’escalier, et je ne suis pas encore prête.
Je vous embrasse, à la semaine prochaine.
Ce que les copines en pensent :
Cécile adore mon escalier.
Pascale adore mon mur.
Claude n’a pas d’escalier
Corinne a un escalier qui grince mais ne fait pas une complainte, il crie, grince, proteste, s'exprime. Bref aucune confidentialité possible avec un escalier métallique !
Cécilia n’en a plus
C'est plutôt une ode à l'escalier, qu'une complainte, non? Moi j'aime bien les escaliers pour l'aspect sportif, ça muscle :-)
Moi j’adorais monter et descendre dans ton escalier ( dommage que cette époque où on faisait du yoga soit révolue): on passe, on s’arrête sur un détail une semaine, la semaine suivante un autre. Et toujours le fameux cadre de la scie à pain qui me faisait sourire 🙂.