Un jour, j’ai eu cinquante ans.
Mon corps les avait déjà depuis deux ans, parce que la cinquantaine est un concept très injuste. Elle peut arriver pile à l’heure, être en retard ou en avance. Je n’ai pas eu de bol, je suis en général précoce. J’ai parlé à neuf mois, marché à onze et eu mon premier enfant à vingt-et-un ans et donc, attrapé la cinquantaine à quarante-huit ans.
Je me la suis prise en pleine face, enfin… autour de mes hanches serait plus juste. Moi qui de ma vie, n’avais jamais eu recours à aucun régime, je regardais avec avidité les couvertures printanières des magazines « qui nous veulent du bien ». Il y en avait pour tous les goûts : à l’ananas, sans gluten, sans glucides, sans sucre, avec de la viande, sans viande, en comptant les points, au café, celui de Dukan, de Atkins, en jeûnant ou en marchant sur les mains. Moi, j’ai fait une fixette sur le chocolat noir aux noisettes. Personne ne l’avait jamais testé, je me voyais un peu comme une pionnière en la matière. Si ça fonctionnait, j’aurais mon nom dans les magazines à défaut de l’avoir sur la couverture d’un best-seller. Ça n'a pas fonctionné. Enfin, je dis ça, mais j’ai quand même pris trois tailles de soutien-gorge. Tout n’est pas à jeter dans la cinquantaine.
Le deuxième truc super injuste avec le concept de cinquantaine, c’est qu’elle ne vient pas seule. Elle débarque avec ses potes. D’abord, la crise (de la cinquantaine). C’est un peu comme la crise d’ado. Tu as soudainement envie de tout envoyer balader et de changer de vie, de claquer les portes et de rester au lit toute la journée, tu testes ton pouvoir de séduction pour voir s’il n’a pas fichu le camp en même temps que tes règles. Tu manques de confiance dans l'avenir, rapport que t’es plus près de la fin que du début. Il se peut que tu sois irritable et en colère (putain d’hormones) et que tu te retrouves à chialer devant des films qui, il y a un an, t’auraient fait rire (putain d’hormones bis). Voilà, la crise de la cinquantaine, c’est comme la crise d’ado sans les boutons. Enfin, c’est même pas sûr, ça. Parce que comme elle vient avec Mlle Ménopause, beh, des boutons, t’en as encore (fichues hormones). Ensuite, elle se met à trafiquer ton thermostat interne et t’es la seule à avoir chaud alors qu’il fait 17 à la maison (tu me diras, c’est un avantage par les temps qui courent)(et c’est toujours la faute aux hormones). Le changement avec la crise d’ado ? C’est que maintenant tu as une carte bleue (comme dirait Florence Foresti) et si t’es fauchée, tes parents ne te diront rien. Ok, il reste la banquière, mais on s’en fout un peu. Attends qu’elle ait cinquante ans elle aussi.
Donc un jour, j’ai eu cinquante ans et j’ai mesuré à quel point les gens m’aimaient. Des cadeaux, une soirée extraordinaire, des messages ici et là avec des smiley cœur ou bisous volants qui transformaient mon smartphone en sapin de noël en plein été. C’est chouette les comptes ronds pour les marques d’amour, je trouve. Et puis cinquante, c’est le bon moment, y a pas encore trop de morts autour de toi… Le problème, c’est le lendemain. Cinquante ans et un jour. Paf ! Yeux cernés et gueule de bois (rapport au champagne de la veille et à la fête jusqu’à pas d’heure) (à 50 ans, tu ne tiens pas aussi bien qu’avant). 50 ans et un jour : terminée la fiesta. Le 31 juillet, j’ai fait les valises pour retourner à ma vraie vie. Celle sans mojito les pieds dans le sable et les yeux dans le bleu de la méditerranée. Celle où tout le monde avait oublié que je venais d’avoir cinquante ans, que c’était un cap, que dis-je, une péninsule. Que l’on me devait un peu de déférence.
C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me demander si je faisais mon âge. Une véritable obsession ! Je dévisageais tout le monde. Est-elle plus âgée que moi ou pas, était la question qui revenait en boucle dans mon crâne. Je compliquais la comparaison parce que depuis que j’avais eu la cinquantaine (comprendre 48 ans) j’avais renoncé aux couleurs et portais les cheveux gris (c’est quand même très connotant personne âgée…)
-Tu as quel âge déjà ? demandais-je parfois à une amie qui ne s’étonnait pas de la question (peut-être, avait-elle la même obsession que moi).
-49, me répondait-elle.
Et bien sûr, j’avais toujours l’impression de faire beaucoup, beaucoup, beaucoup plus jeune qu’elle. Un jour l’une d’entre elles ma répondu :
-51 ans mais, c’est génétique, je fais beaucoup moins.”
J’ai tordu le nez. Je ne trouvais pas. J’en conclus assez rapidement qu’on ne se voyait pas telle qu’on était (et que je devais faire mon âge moi aussi). Depuis, j’ai pris l’habitude de me déclarer deux ans de plus. Comme si j’avais un jet lag de l’âge. Je préfère qu’on dise que je ne fais pas mon âge plutôt que d’entendre que j’ai pris cher. Présentement, je t' annonce que j’ai 57 ans (et je ne les fais pas du tout).
L’important, tu vas me dire, c’est de rester jeune dans la tête (autrement dit, complètement inconsciente du vieillissement naturel et persuadée d’être jeune aussi dans son corps et refuser de prendre en compte les soudures articulaires toutes neuves que nous procure la cinquantaine ). Rester jeune dans ma tête, ça, c’est un concept que j’ai bien réussi à intégrer. Il m’arrive d’avoir des idées bizarres. Outre m’embarquer dans des aventures un peu folles (écrire des livres ? Mais, t’es sure? C’est un monde très fermé…) (un one-woman-show ? Non, mais ça va pas bien…? ) je saute aussi par-dessus les fossés. Dit comme ça, rien d’hilarant, mais c’est parce que vous ne m’avez pas vue m’étaler de tout mon long devant une assemblée d’une trentaine (ou du double, je ne suis pas douée en maths) (et je n’ai pas réellement compté, hein, j’ai plutôt fait comme s’il n’y avait personne) de gens endimanchés et, sous les yeux ahuris de mes enfants, me relever (indemne) remettre en place ma robe (non, je ne veux pas savoir ce que les gens ont vu)(non, n’insistez pas) et éclater de rire (un peu forcé, mais il faut ce qu’il faut).
Si tu veux un conseil, à partir de cinquante, ne te dépêche plus. Prends-ton-temps. La dernière fois que j’ai voulu aller vite (c’était en septembre dernier)(le 8) je me suis scotchée au portail avant de glisser au sol pour agoniser. Mes pieds avaient décidé indépendamment l’un de l’autre de faire le premier pas (ils devaient penser que j’avais dix-huit mois)(difficile de maitriser le jet lag de l’âge)
Bref, j’ai eu cinquante ans il y a quelques années, et ça ne faisait que commencer, parce qu’avoir cinquante ans, ça dure un an, voire dix. Et c’est rempli d’aventures extraordinaires.
La question existentielle de la semaine
Chaque semaine, une question existentielle pour en savoir plus sur toi : Qu’aimerais-tu avoir changé dans un an au niveau professionnel ?
Tu peux répondre en commentaire et si tu as cinquante ans, ça me permettra d’avoir des idées pour de futures newsletter (seul on va plus vite, ensemble on va plus loin)
C’était il y a un an
(Et j’avais déjà 50 ans ;) Aujourd’hui tout pile, mon roman Des Papillons sous oxygène a un an. J’aurais des tas de choses à dire à ce sujet. Je chéris les retours de lecture, les séances de dédicaces et les papillons pliés. Je me souviens de libraires sympas qui ont accompagné le voyage de ce roman vers les lecteurs et d’autres qui l’étaient moins. De salons où lui et moi étions attendus et d’autres où nous avons attendu. Je crois qu’il y aura un avant et un après lui, une histoire de rêves et d’illusions.
Masterclass
Vous ai-je déjà dit à quel point j’adore apprendre ? Je suis dingo de masterclass, d’ateliers, de conférences en tout genre, sans doute parce qu’apprendre c’est découvrir (et découvrir c’est être jeune. Non ? ) Cette semaine, j’ai participé à celle de Géraldine Dormoy dont je vous ai déjà parlé ici. Elle y expliquait comment faire vivre sa Newsletter. J’ai pris des tas de notes pour rendre la mienne plus attrayante. Work in progress…
J’ai aussi participé à une autre Masterclass qui s’appelle “L’art de la réécriture” parce qu’en plus de mon activité, j’aimerais pouvoir accompagner des autrices/auteurs dans la correction de leur manuscrit. je l’ai fait en fin d’année dernière pour une amie dont le livre sortira au printemps (je vous en reparlerai) et j’ai vraiment adoré. À bon entendeur…
Sinon, je cherche une formation pour écrire un Stand Up ou un scénario. Si vous en connaissez, je suis preneuse.
Dans les oreilles
Dans le même genre, j’écoute beaucoup de Podcast. Il y en a quelques-uns dont je suis avec avidité les épisodes. La Poudre, animé par Lauren Bastide, en fait partie. Cette semaine j’ai écouté Laura Felpin (une humoriste) qui raconte son rapport au strabisme dont elle a souffert enfant, sa passion pour Dalida qui l’a aidée à le surmonter, le monde du doublage, sa “difficulté à naviguer avec la solitude” et son goût pour les bruits familiers d’une machine qui tourne ou d’une émission en fond sonore. Je te le conseille, elle a une voix de dingue.
Je vous embrasse, à la semaine prochaine <3
(laissez-moi des commentaires, c’est toujours un plaisir de vous lire)
Nathalie
J’adore ! J’ai 54 ans et effectivement quelle crise puissante ! Mais intense et avec des valeurs fortes auxquelles on ne veut pas renoncer : on ne veut plus perdre de temps à faire ce que les autres (la société) attend de nous... et je suis en réparation. Alors dans un an je ne sais pas où j’en serai professionnellement mais pourvu que cela soit en phase avec moi même quelque que soit la forme du chemin : je fais plus que jamais la route à mon image... donc pour le moment c’est cours de céramique (j’adore ce média) et peut être remplacerai-je la prof ? Et puis accompagner des femmes qui ont un cancer du sein dans ma région au fin fond de la campagne, à travers de l’écoute, des activités artistiques, des ateliers découverte... mais comme une poule je couve d’autres idées 😄
Tu verras dans 20 ans s'il vaut mieux ajouter des années ou laisser le compte exact, ou même en enlever.
Pour ma vie pro c'est un peu foutu ! Mais toi continue c'est tellement vrai ce que tu racontes ton quinqua power est une bouffée d'air pur.