Vendredi dernier, en marge du salon du livre de Paris, j’ai dîné avec mon amie Valérie Van Oost, autrice du roman “Les garçons russes ne pleurent jamais” et Marceline Bodier, chroniqueuse littéraire à 20 minutes. Alors que nous évoquions nos avancées dans le monde “fabuleux” de l’édition, Marceline m’a demandé :
-Au fait, Nat, pourquoi tu écris une newsletter ?
Ce n’était pas la première fois qu’on me posait la question. Non. Mes proches s’en étaient déjà chargés, d’autres autrices qui ne comprenaient pas ma démarche et une jeune femme qui nous lit peut-être ici aussi. Je suis restée silencieuse quelques secondes.
Oui, pourquoi ?
L’écriture de la newsletter me prend beaucoup de temps : mes lundis et mardis pour y penser, mon mercredi matin pour écrire le premier jet, quelques heures le jeudi pour corriger, le vendredi matin à nouveau pour corriger mais surtout pour enregistrer l’audio et le samedi pour répondre aux commentaires. Toutes les semaines, la ronde reprend, même quand je suis en vacances en famille sur la Costa Brava, même à Noël ou à Pâques. Ça demande beaucoup de travail. Il ne me reste que le dimanche pour ne pas (trop) y penser et tout ça pour quelques 200 abonnés. Oui, je sais, ce n’est pas terrible, mais à ma décharge, je suis réellement partie de zéro. Quatre mois après la première newsletter, je suis encore très loin du premier K, et très loin aussi d’un éventuel levier de mon business.
- As-tu déjà fait un post viral ? m’a-t-elle demandé.
Je ne sais pas ce qu’est un post viral. Est-ce un post qui obtient plus de 75% d’engagement de lecture ? Alors oui. Plusieurs même. Cependant, aucun article n’a été suivi d’un nombre important d’abonnements.
- Alors, pourquoi l’écris-tu cette newsletter ?
En ce qui me concerne ça tient en quelques mots : vous faire découvrir ma plume, mon univers et vous donner envie de lire mes livres et découvrir mes histoires.
Comme tous les auteurs indépendants, ou pas d’ailleurs, obtenir de la visibilité est la chose la plus compliquée qui soit. Vous ne trouverez pas nos livres en librairie, parce que nous n’avons ni diffuseur, ni commerciaux pour vanter nos histoires. Vous les trouverez chez certains libraires qui nous font confiance et acceptent de nous déposer sur leurs tables, mais ils sont peu nombreux et nos romans n’y restent pas longtemps parce que les places sont chères. Rares aussi seront les libraires qui écriront un petit mot posé sur la couverture, “un coup de cœur”, pour le conseiller à leurs clients, parce qu’ils liront de préférence un livre qui leur aura été offert par une maison d’édition, alors que pour lire le nôtre, il faudrait qu’on lui offre un exemplaire qu’on aura nous-même acheté et envoyé par la poste (vous pouvez imaginer le prix de tout ça alors qu’on n’a pas commencé à gagner le moindre centime). Pour le lire, il faudra qu’il l’achète lui-même (mais, à toutes fins utiles, je vous rappelle que les marmottes n’ont jamais emballé aucune plaque de chocolat).
Tous les auteurs rêvent que leur roman devienne le prochain best-seller, mais le monde “fabuleux” de l’édition est opaque. Pourquoi et comment un livre va plaire et pas un autre ? Est-ce une couverture attrayante ? Non. Un thème ? Pas toujours. Une plume ? Ah, ah, ah, non ça, je ne crois pas. Alors, où se niche la réussite ? Comme vous pouvez le constater, je n’ai toujours pas compris. Certainement dans une cooptation, dans l’idée d’appartenance à une team, dans un nombre de followers prêts à jurer, la main sur le cœur, que le livre est merveilleux. Je cherche et j’espère bien comprendre. Un jour.
Il y a six ans, quand j’ai publié mon premier roman en autoédition, je ne pensais pas toucher d’autres lecteurs que ma maman, mes amies et quelques connaissances. Il y a cinq ans, quand #Semerdesgraminées est sorti (encore en auto édition), j’étais loin d’imaginer la quantité de retours de lecture que j’allais recevoir. Il y a quatre ans, après la sortie de #Lesmèreveilleuses (toujours en autoédition) je n’osais pas espérer qu’une maison d’édition viendrait me chercher pour le publier à son tour. L’année dernière enfin, quand #Despapillonssousoxygène est sorti, j’ai osé penser que c’était bon, maintenant j’avais une éditrice pour m’accompagner, je n’écrirai plus jamais seule. Il y a six mois quand je lui ai proposé #rendezvousaheyo, je n’imaginais pas qu’elle ne le prendrait pas.
Alors, il y a trois mois, j’avais trois possibilités : le jeter à la poubelle (j’avoue, je l’ai fait, avant de le regretter et de prier pour le retrouver dans les méandres de mon ordinateur), le laisser croupir dans le noir du tiroir de mon bureau (ouais, bon, ça va, ça aussi je l’ai fait) ou revenir à l’autoédition. « Quand on oublie ses rêves, et bien, on meurt » m’a dit Alex dans Flashdance quand j’avais quinze ans, alors, je l’ai écoutée et j’ai replongé dans l’autoédition.
Parce que si les éditeurs ont le pouvoir d’éditer ou pas mes textes, ils n’ont pas celui de me faire renoncer à mes rêves, ni de me dire si j’écris bien ou pas.
J’espère que cette newsletter hebdomadaire vous donnera envie de découvrir mes romans.
À la semaine prochaine, je vous embrasse.
Nathalie
PS: Rendez-vous à Héyo sortira le 12 juin 2023 (c’est moi qui ai dessiné l’illustration de couverture, et j’en suis très fière). Il y aura dans cette histoire des personnages truculents, des patins à roulettes, des gâteaux fabuleux, un village basque, la mer en contrebas de la Corniche d’Urrugne et la chappelle de Bidart.
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Trop bien !! Il me tarde le 12 JUIN ❤️
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